(Paris) La campagne de vaccination contre la COVID-19, élargie lundi aux plus de 75 ans en ville, devrait permettre de diminuer la charge sur les hôpitaux si le variant britannique se propage en France, mais le temps sera une donnée cruciale, indiquent des projections de l’Institut Pasteur.

« Ce qu’on voit, c’est que dans tous les scénarios, la vaccination permet de réduire l’impact de la vague épidémique (sur l’hôpital). Mais cette réduction est plus importante si on réussit à décaler le démarrage de la reprise » de la circulation du virus « parce qu’on aura réussi à vacciner plus de monde », explique à l’AFP Simon Cauchemez, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique qui guide les choix du gouvernement.

« Ça veut dire qu’il faut vacciner plus vite, parce que c’est ça qui va sauver des vies, et que tout ce qu’on va faire pour retarder cette reprise, c’est bénéfique », ajoute ce spécialiste des modélisations, alors que le couvre-feu a été avancé à 18 h samedi pour toute la France, pour au moins quinze jours.

PHOTO FRANCOIS MORI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Des employés d’une firme de pompes funèbres préparent la dépouille d’une femme de 105 emportée par la COVID-19, avant sa crémation.

Pour l’instant, il est difficile de prévoir quand et à quel point le variant VOC 202 012/01, qui a provoqué une flambée épidémique au Royaume-Uni, va se propager en France. Sur la base de sa présence actuelle (environ 1 % des cas) et selon qu’il se transmet 40 % plus que la souche dominante en France, ou 70 %, le nombre de cas du variant britannique atteindrait 3752 ou 26 394 au 1er mars, estime l’équipe de Simon Cauchemez.

Taux de reproduction à 1,2 ou à 1,5 ?

Dans ce contexte d’incertitude, l’équipe de Pasteur a donc projeté divers scénarios dans lesquels le taux de reproduction du virus passerait de 1 à 1,5 ou de 1 à 1,2 en février, mars ou avril.

Les chercheurs tablent sur une campagne de vaccination qui démarre ce lundi, avec une efficacité 14 jours après la première piqûre et des doses injectées pas plus d’un mois après leur arrivée dans le pays. La France en attend plus de 2 millions en janvier.

Concrètement, « la campagne de vaccination permet de réduire le nombre d’hospitalisations au pic de 20 %, de 33 % et 44 % selon que le taux de transmission augmente le 1er février, le 1er mars, ou le 1er avril respectivement », écrit l’équipe de l’Institut Pasteur, dans une note sur laquelle s’appuyait le conseil scientifique la semaine dernière.

Mêmes effets sur les besoins de lits en réanimation : ils seraient réduits seulement de 11 % si la hausse de circulation du virus se produit dès le 1er février, mais de 20 % si c’est au 1er mars et de 37 % si c’est au 1er avril.

Dans cette perspective, plus la vaccination ira vite, plus la circulation actuelle du virus sera contenue et mieux ce sera. « Même si ça nous fait gagner une semaine, deux semaines, c’est bon à prendre », résume Simon Cauchemez, qui insiste sur le fait qu’aujourd’hui, « on est sur un plateau haut, avec peu de marges de manœuvre s’il y a une forte hausse de l’épidémie ».

De son côté, l’INSERM a mis en ligne samedi une autre modélisation qui estime que le variant britannique « deviendrait dominant en France entre fin février et mi-mars » et que « les nouvelles hospitalisations hebdomadaires devraient atteindre le niveau du pic de la première vague (environ 25 000 hospitalisations) entre mi-février et début avril », en l’absence de renforcement des mesures de distanciation sociale.

Ce modèle ne prend toutefois pas en compte l’impact de la campagne de vaccination, jugée « encore trop limitée pour avoir un effet de ralentissement tangible sur l’épidémie ».