(Paris) La COVID-19 a encore « tout chamboulé » dans les voyages entre France et Royaume-Uni. Pour ne pas être encore privées d’un Noël en famille, Sophie à Paris a avancé son voyage à vendredi, tout comme Elodie à Londres, à la veille de nouvelles contraintes.

Samedi à 0 h, les mesures de contrôle aux frontières vont être durcies par les autorités françaises, « en réaction à la diffusion extrêmement rapide du variant Omicron » au Royaume-Uni. Elles concernent les passagers non-vaccinés comme les vaccinés, qui devront notamment fournir de nouveau un motif impérieux pour entrer sur le territoire.

Gare du Nord à Paris, près des balustrades drapées d’illuminations de Noël, on patiente pour embarquer dans le prochain train pour Londres. « Je devais partir la semaine prochaine mais tout a été chamboulé », témoigne Sophie, emmitouflée dans un manteau rouge.  

Cette fois, la Française de 35 ans rendra bien visite à sa sœur et sa nièce pour les fêtes : « Cela fait un an et demi que je ne les ai pas vues ».  

« C’est sûrement la dernière année où ma nièce croit encore au père Noël », souffle-t-elle, l’une de ses valises remplie de cadeaux. « Et puis, on nous a déjà enlevé Noël l’année dernière » …

11 h 17 : l’Eurostar en provenance de Londres entre en gare. Au bout du quai, Mako Bartalou tombe dans les bras de sa mère. « Je rentre pour les vacances et sans billet de retour ! », explique cette barbière de 29 ans résidant à Londres. « Les restrictions n’arrêtent pas de changer, je préfère le prendre au dernier moment ».

« Un peu la panique »

De l’autre côté de la Manche, gare de Londres Saint-Pancras, Elodie Entressangle, 32 ans, attend le train en direction de Bruxelles. Elle descendra à Lille. « C’est un peu la panique », avoue-t-elle, mais « je n’avais pas envie de passer Noël toute seule ici ».  

La jeune femme a dû avancer de deux jours son voyage. « J’ai payé 70 livres (120 dollars canadiens) pour changer mon billet, et j’ai dû annuler mon test de samedi pour en faire un ce (vendredi) matin, ça m’a coûté 30 livres (50 $) ».

Outre le retour des motifs impérieux, les personnes en provenance du Royaume-Uni devront, dès samedi, présenter un test négatif à la COVID-19 de moins de 24 heures (contre 48h auparavant) à leur entrée sur le territoire français. Une période d’isolement de sept jours sera par ailleurs imposée en France, mais pourra être levée au bout de 48h sous présentation d’un nouveau test négatif.

« Les retours vers la France sont nombreux en ce moment avant la mise en œuvre de la mesure demain (samedi) matin », a indiqué une porte-parole de la SNCF (actionnaire à 55 % d’Eurostar), mentionnant « beaucoup d’annulations » pour les jours suivants. Une porte-parole d’Eurostar a confirmé une hausse des réservations pour vendredi.

Près de Paris, à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, Phil, un homme d’affaires de 56 ans, se prépare à un vol pour Manchester.  

Sans les restrictions, qu’il juge cependant « nécessaires », il serait revenu en France dans deux ou trois semaines. « Là, il semblerait que je ne puisse pas revenir avant plusieurs mois », regrette-t-il.

A Calais, le Président général de la Société des Ports du Detroit Jean-Marc Puissesseau, fustige « une catastrophe commerciale », alors qu’il constatait jusqu’alors « un retour timide » des voyageurs, avec « 400 à 500 voitures de passagers chaque jour ». « On ne s’attendait pas à beaucoup de touristes jusqu’à la fin de l’année étant donné que le variant Omicron était en train de courir en Grande-Bretagne, mais quant à tout interdire, c’est encore pire », soupire-t-il.

Sur les bancs de Roissy, certains touristes britanniques, comme Lauren et sa famille, vont rentrer à la maison juste à temps, après leur séjour en France. « Nous avons eu beaucoup de chance », dit-elle en souriant.