(Paris) Cinq syndicats français ont écrit à Solidarnosc pour critiquer le « soutien » exprimé à Marine Le Pen et Éric Zemmour par le site internet Tysol, « média officiel » du célèbre syndicat polonais, a indiqué jeudi l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) qui « s’indigne de ce soutien ».

Dans ce courrier en date du 7 décembre, les syndicats CFDT, CGT, CFTC, FO et UNSA expliquent avoir eu « la désagréable surprise » de découvrir l’ouverture du site Tysol, « média officiel de Solidarnosc, dédié à la France », après la dernière conférence de mi-mandat de la Confédération européenne des syndicats (CES).

« La couverture de votre magazine Tygodnik avec Marine Le Pen et les articles élogieux sur Éric Zemmour, tous deux candidats à la présidentielle française et placés sur l’extrême droite de l’échiquier politique ainsi que la ligne éditoriale de la version française de votre site Tysol traduisent un parti pris politique, à quoi n’adhèrent pas les organisations syndicales françaises », écrivent les cinq signataires.  

« Ces initiatives contreviennent au principe d’indépendance du mouvement syndical à l’égard des mouvements politiques », ajoutent les syndicalistes français.

Ces derniers soulignent que « les valeurs fondamentales et le respect mutuel entre organisations syndicales affiliées à une même confédération internationale sont une condition qui ne peut souffrir quelque ajustement que ce soit ».

Selon l’UNSA, qui a publié le courrier sur son compte Twitter, « une démarche commune pour clarification et sanction appropriée, pouvant aller jusqu’à l’exclusion, est engagée au sein de la CES ».

« Toute cette situation est pour nous surprenante et choquante, car l’hebdomadaire Solidarnosc — bien sûr nous sommes son propriétaire — […] et son éditeur ont leur propre autonomie et leur propre politique rédactionnelle », a déclaré pour sa part à l’AFP le porte-parole du syndicat Solidarité, Marek Lewandowski.  « Le syndicat Solidarité c’est autre chose », a-t-il précisé.

« Nous poursuivrons notre chemin et si on doit subir des conséquences à cause de cela, nous les subirons », a-t-il aussi affirmé.

La CES représente 45 millions de membres de 89 organisations syndicales nationales réparties dans 39 pays européens ainsi que dix fédérations syndicales européennes.

Fondé pendant la guerre froide par Lech Walesa, à l’époque simple électricien et leader syndical des chantiers navals de Gdansk, le syndicat Solidarité fut à l’origine de la chute du régime communiste en Pologne.

Lech Walesa reçut le prix Nobel de la paix en 1983 et fut président de son pays entre 1990 et 1995.