(Strasbourg) L’Union européenne doit cesser de jouer l’apaisement avec le président russe Vladimir Poutine, dont les manœuvres militaires à la frontière ukrainienne sont un « pur chantage », et au contraire le sanctionner, a exhorté mardi Léonid Volkov, allié de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny.

« La stratégie de l’apaisement a été tentée à de nombreuses reprises et a été infructueuse. Essayons quelque chose d’autre », a lancé à la presse l’associé en exil d’Alexeï Navalny, à Strasbourg à l’occasion de la remise du prix Sakharov du Parlement européen.

Alexeï Navalny s’est vu décerner en octobre le prix Sakharov 2021 de défense de la liberté de pensée par le Parlement européen pour son combat « sans répit » pour la démocratie et contre la corruption dans son pays.

Une cérémonie est prévue mercredi dans l’hémicycle strasbourgeois au cours de laquelle sa fille Daria doit recevoir le prix au nom de son père. Ce dernier est incarcéré depuis le début de l’année après avoir failli mourir empoisonné en août 2020.

Ce renforcement (des capacités russes) aux frontières de l’Ukraine est un pur chantage », a estimé Léonid Volkov, une manière de dire « “Si vous ne me parlez pas, si le président Biden ne m’appelle pas, je déclencherai un nouveau bain de sang en Europe”.

Léonid Volkov, allié de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny.

« Sanctionnez-les pour le chantage, pour le renforcement militaire, puis faites de même lorsqu’ils (les Russes) retireront leurs troupes », a-t-il plaidé.

Lundi, la Commission européenne a adopté des sanctions contre le groupe paramilitaire russe Wagner pour ses « actions de déstabilisation », et dit avoir élaboré des mesures « coûteuses » pour l’économie russe afin de dissuader Vladimir Poutine d’une intervention en Ukraine. Mais les dirigeants occidentaux se sont, en parallèle, empressés de parler au président russe pour tenter de conjurer la crise.

« S’en prendre à l’argent de Poutine »

En septembre, dans la foulée d’élections législatives remportées par le parti de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny a été visé par une nouvelle enquête criminelle pour « extrémisme », ce qui est passible de dix ans de prison, et ses organisations ont été démantelées.

Selon Léonid Volkov, Alexeï Navalny est le « prisonnier personnel » du président russe, qui serait le seul à pouvoir décider d’une éventuelle libération.

« Si la situation change et qu’à un moment donné, pour une raison quelconque, il décide qu’il est préférable désormais de le libérer plutôt que de le garder en prison, alors il le libérera immédiatement », a déclaré M. Volkov.   

« Qu’est-ce qui pourrait influencer une telle situation ? Comme nous le suggérons, s’en prendre à l’argent de Poutine, prendre son argent en otage. Cela permettra à l’Europe, comme à l’Occident, d’exercer un bien meilleur effet de levier », a-t-il insisté.