(Madrid) L’ancien chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy a nié lundi devant les députés avoir eu connaissance, lorsqu’il était au pouvoir, de l’espionnage présumé de l’ancien trésorier de son parti qui détenait des documents compromettants.  

« Je n’ai jamais eu connaissance de l’existence de cette opération […] Je n’ai donné aucune instruction », a affirmé Mariano Rajoy devant une commission d’enquête parlementaire.

Opération Kitchen

Dans cette affaire rocambolesque, baptisée « Kitchen », la justice soupçonne un espionnage illégal de l’ancien trésorier du Parti populaire (PP) de M. Rajoy, Luis Barcenas, car il était en possession de documents compromettants pour plusieurs membres du gouvernement et du parti.

La justice cherche à savoir si cette opération policière a été diligentée par le ministre de l’Intérieur de Mariano Rajoy à l’époque, Jorge Fernandez Diaz, mis en examen dans cette affaire.  

Agacé, Mariano Rajoy a demandé aux députés de présenter « des preuves que le ministre de l’Intérieur a participé à cette opération ».

Un ex-policier sulfureux

L’enquête sur l’opération Kitchen est l’un des nombreux dossiers ouverts par la justice espagnole sur la base des perquisitions menées après l’arrestation en 2017 de l’ex-commissaire sulfureux José Manuel Villarejo, connu pour avoir enregistré à leur insu de nombreuses personnalités politiques ou économiques.

« Je ne connais pas M. Villarejo […] Je ne lui ai jamais parlé », s’est aussi défendu l’ex-premier ministre.  

Une conversation versée au dossier entre le commissaire Villarejo et l’informateur de l’opération Kitchen laisse entendre que Barcenas avait aussi des documents compromettants pour M. Rajoy, premier ministre de 2011 à 2018.

« M. Barcenas et M. Villarejo ont de sérieux problèmes dans les tribunaux, alors ils se défendent […] et comme ils ont le droit de mentir, ils disent ce qu’ils veulent », a affirmé Mariano Rajoy.

Luis Barcenas était au centre de l’enquête sur l’affaire « Gürtel », un scandale de financement illégal dans lequel le PP a fini par être condamné en mai 2018, entraînant quelques jours plus tard le renversement de Mariano Rajoy par la Chambre des députés.  

Arrivé au pouvoir à la faveur de ce renversement, le Parti socialiste de l’actuel premier ministre Pedro Sanchez et son allié de gauche radicale Podemos ont obtenu l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’affaire « Kitchen ».