(Avdiïvka) Le président russe Vladimir Poutine n’est pas fiable et ne comprend que la « langue des armes », estimaient des soldats ukrainiens sur la ligne de front dans l’est de ce pays en plein pic de tensions avec Moscou.  

Poutine « ne comprend que la langue des armes », a déclaré un soldat ukrainien, Oleksandre, 27 ans, un parachutiste posté près de la ville d’Avdiïvka, non loin de Donetsk, une « capitale » des séparatistes prorusses.  

Pour Oleksandre Koukhartchyk, un autre parachutiste de 53 ans, lui aussi posté près d’Avdiïvka, le président russe est simplement un « tueur ». « On ne peut pas lui faire confiance, communiquer normalement avec lui », « c’est un malade mental ! », estime cet homme corpulent.  

L’est de l’Ukraine est le théâtre depuis 2014 d’une guerre avec les séparatistes prorusses dont le Kremlin est considéré comme le parrain militaire malgré ses dénégations. Ce conflit, qui a fait plus de 13 000 morts, a commencé après l’annexion par la Russie de la péninsule de Crimée.

Ces dernières semaines, la tension est encore montée d’un cran, l’Occident accusant le Kremlin de préparer une invasion de l’Ukraine et multipliant des mises en garde à la Russie.  

Dans ce contexte, le président américain Joe Biden s’est entretenu mardi avec M. Poutine menaçant ce dernier de sanctions « comme il n’en a jamais vu » en cas d’attaque contre l’Ukraine.  

« Nous protégeons les frontières de notre État […] l’ennemi ne passera pas », a de son côté martelé Oleksandre, en casque et gilet pare-balle. « S’ils essaient de percer notre défense, je pense que leurs pertes seront dix fois plus grandes que celles de notre adversaire », a-t-il poursuivi.  

Des militaires mettent en garde contre toute concession à la Russie et insistent sur le retour sous le contrôle de Kiev des territoires séparatistes et de la Crimée.  

« Contrairement à lui (Poutine, NDLR), nous ne sommes pas venus comme occupants ici. Nous luttons pour des choses sacrées, pour notre terre, pour nos familles, nos mères et pères, nos enfants et épouses », a déclaré M. Koukhartchyk depuis un abri dont des murs sont décorés par des dessins d’enfants. « Nous ne pouvons pas reculer ».  

Son confrère Mykhaïlo, 25 ans, ne croit pas trop aux efforts diplomatiques. Depuis 2014, « il y a eu beaucoup de négociations », mais « en gros rien n’a changé », juge le jeune homme, un doigt sur la crosse de sa kalachnikov.  

« Il y a moins de bombardements, mais des gens continuent de mourir », a-t-il poursuivi.  

L’intensité des combats en Ukraine a nettement baissé après les accords de paix dits de Minsk et conclus en février 2018, mais des flambées de violences se poursuivent. Depuis le début de l’année, 64 militaires ukrainiens ont été tués sur la ligne de front.