(Paris) Environ 230 migrants, hommes, femmes et enfants, ont été évacués vendredi matin d’un tunnel reliant Paris à la Seine-Saint-Denis, où ils avaient constitué un campement, pour être mis à l’abri dans des centres d’hébergement.

Avant l’aube et sous la pluie, ces personnes qui avaient déployé leurs tentes depuis un mois et demi dans l’étroit tunnel du XIXe arrondissement parisien, ont ramassé leurs affaires pour s’engouffrer dans des autocars qui les ont transportées pour l’essentiel vers des centres franciliens et pour d’autres vers le sud-ouest de la France.

Au total, 237 personnes, pour beaucoup originaires d’Afrique, ont été prises en charge, dont « 48 personnes en famille », a indiqué la préfecture de la région Ile-de-France.

Au terme de cette 26e opération de l’année, les personnes vont « bénéficier d’une évaluation de leur situation administrative, d’un accompagnement social, sanitaire et administratif avant d’être réorientées vers des hébergements adaptés à leur situation », a souligné la préfecture.

« Les températures ont déjà baissé depuis plusieurs semaines donc il était vraiment temps que la situation se débloque. Ces personnes vivaient entassées dans des conditions dramatiques, avec une situation sanitaire préoccupante », a expliqué sur place Pierre Mathurin, un responsable parisien de l’association Utopia56 qui apportait son aide à ces exilés depuis 45 jours.

« On craignait que ce qui s’est passé sur le camp de Bercy ne se reproduise ici », a-t-il poursuivi, en référence à une attaque au sabre dont ont été victimes des migrants mercredi sur un autre lieu de vie parisien.  

Un homme avait été arrêté après avoir blessé deux migrants - dont un grièvement - et dégradé six tentes.

« Il est temps que le gouvernement prenne conscience des risques qu’encourent ces personnes à la rue, dans le climat actuel », a ajouté M. Mathurin.

Fin novembre, plus de 300 riverains et militants avaient manifesté entre le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) et Paris pour réclamer la mise à l’abri de ces migrants qui étaient alors environ 150 à vivre dans le tunnel.

Si l’opération de vendredi a pris « autant de temps », estime l’adjoint de la maire de Paris en charge des réfugiés, Ian Brossat, c’est en raison de la « congestion des places d’hébergement ».

« Nous avons besoin d’un site de premier accueil. La réalité c’est que le passage par la rue est quasiment devenu un sas automatique pour avoir une place d’hébergement derrière », déplore-t-il.

Haila (prénom d’emprunt), un demandeur d’asile afghan pris en charge vendredi, ne dit pas l’inverse : c’est sa vingtième mise à l’abri, assure-t-il.

« Je n’ai pas d’espoir », lâche-t-il à l’AFP, avant de monter dans un autocar. « Je connais la situation. Après deux semaines, ils vont dire la même chose : il faut sortir ».