(Berlin) Les parlementaires allemands ont adopté vendredi une loi contraignant le personnel médical à se faire vacciner contre la COVID-19, premier pas avant une obligation vaccinale élargie à toute la population attendue au début de l’année prochaine.

Le projet de loi, visant à protéger les groupes particulièrement vulnérables, a été approuvé avec une large majorité dans la matinée par le Bundestag, la chambre basse, puis le Bundesrat en début d’après-midi.

« La pandémie est une mission pour nous tous – ce n’est pas un moment pour la politique politicienne », a déclaré le nouveau ministre de la Santé, Karl Lauterbach, qui a pris ses fonctions cette semaine avec le nouveau gouvernement d’Olaf Scholz.

« Nous nous battons pour vaincre » cette quatrième vague de pandémie afin de permettre aux gens de se retrouver en famille pour Noël, a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de ralentir la propagation du variant Delta et d’empêcher la souche Omicron de gagner du terrain.

Avec cette nouvelle loi, tous ceux qui travaillent dans les hôpitaux, les maisons de retraite et les maisons de soins doivent être vaccinés ou guéris de la COVID-19.  Les personnels des établissements accueillant des personnes handicapées, cliniques de jour, cabinets médicaux, services de secours ou les centres socio-éducatifs sont également concernés.

Les salariés concernés auront jusqu’au 15 mars 2022 pour prouver leur vaccination complète, au risque sinon de ne plus pouvoir travailler.

Plusieurs établissements médicaux, notamment des maisons de retraite en Saxe-Anhalt et dans le Brandebourg, se sont révélés ces dernières semaines des foyers de contamination au nouveau coronavirus, avec un nombre élevé de décès parmi les pensionnaires.  

La chaîne de contaminations a parfois été déclenchée par un employé non vacciné, relançant le débat sur la vaccination obligatoire pour tous.

Amendes

Si les données sur ces professions restent incomplètes, le personnel médical est en moyenne davantage vacciné (près de 90 %) que la population générale (69,3 %), selon l’institut Robert Koch.

Avec cette décision, l’Allemagne rejoint d’autres pays européens comme la France, l’Italie, la Grèce ou la Grande-Bretagne qui ont déjà imposé l’obligation vaccinale au personnel soignant.

L’Allemagne envisage d’aller plus loin. Le nouveau chancelier social-démocrate Olaf Scholz compte demander au parlement de se prononcer d’ici la fin de l’année sur l’obligation vaccinale pour les adultes qui, si elle est approuvée, entrera en vigueur en février ou mars.

Dans un sondage paru vendredi, 68 % des Allemands sont en faveur de cette mesure que la classe politique avait initialement écartée, avant le rebond des contaminations.

« L’obligation vaccinale est une question très compliquée. Tous ceux qui travaillent dans le secteur médical souhaiteraient que plus de monde soit vacciné et s’il faut en passer par l’obligation vaccinale, pourquoi pas », a affirmé à l’AFPTV Markus Heim, médecin en chef à l’hôpital « Rechts der Isar » à Munich.

Les autorités redoutent cependant que cette mesure n’attise la colère des opposants aux restrictions sanitaires, mobilisés par milliers depuis le début de la pandémie.

Le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, a prévenu vendredi dans l’hebdomadaire Der Spiegel que des amendes pour ceux qui refusent de se faire vacciner seront « inévitables ».