(Varsovie) La Pologne a accusé vendredi les services secrets biélorusses d’être à l’origine du détournement en mai d’un vol Ryanair ayant entraîné l’arrestation d’un journaliste d’opposition qui se trouvait à bord.

Les services spéciaux polonais ont enquêté sur le vol Athènes-Vilnius qui a effectué un atterrissage d’urgence à Minsk en raison d’une prétendue alerte à la bombe.  

À bord de l’avion immatriculé en Pologne se trouvait notamment Roman Protassevitch, co-fondateur en exil d’une chaîne d’opposition populaire Nexta sur Telegram, et sa compagne russe, Sofia Sapega.  

Après l’atterrissage à Minsk, M. Protassevitch et sa compagne ont été immédiatement arrêtés et restent en résidence surveillée.  

Lors d’une conférence de presse vendredi, les services spéciaux polonais ont présenté des enregistrements venant, selon eux, de la tour de contrôle de Minsk et prouvant qu’un officier du KGB biélorusse s’y trouvait au moment des évènements et « a donné des ordres au contrôleur aérien de la tour ».

Il s’agit de preuves et d’autres faits qui indiquent clairement que le détournement de l’avion de Ryanair était une opération des services spéciaux biélorusses visant à arrêter un opposant.

Stanislaw Zaryn, porte-parole des services spéciaux polonais

M. Zaryn avait déclaré plus tôt dans un communiqué que l’officier du KGB présent dans la salle des opérations « donnait des ordres et prenait les décisions concernant l’atterrissage à Minsk », restant « en contact téléphonique avec quelqu’un à qui il rapportait ce qui se passait avec l’avion ».

« Il faut souligner que prendre le contrôle d’une tour de contrôle par un agent des services spéciaux est une chose sans précédent », a insisté M. Zaryn.

Dans un tweet, il a indiqué que la conclusion de l’enquête était notamment basée sur les informations fournies par « un témoin qui était présent à la tour de contrôle du trafic aérien de Minsk ».

Contrôleur aérien biélorusse

Le New York Times a rapporté cette semaine qu’un contrôleur aérien biélorusse avait fait défection et s’était confié aux enquêteurs polonais.  

Le détournement de l’avion avait déclenché un tollé international et conduit l’Union européenne à imposer des sanctions en Biélorussie.

L’UE estime que Minsk a, à son tour, cherché à répondre aux sanctions en provoquant une crise à sa frontière occidentale. Depuis l’été, des milliers de migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, ont franchi ou tenté de franchir, depuis la Biélorussie, cette frontière pour entrer dans l’UE.