(Washington) Deux jours après un sommet virtuel avec Vladimir Poutine, Joe Biden s’est attaché jeudi à rassurer le président ukrainien ainsi que les alliés des États-Unis en Europe de l’Est face à la menace d’une offensive militaire russe contre l’Ukraine.

Le président américain a redit à Volodymyr Zelensky son « engagement indéfectible » envers la « souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine » lors d’une conversation qui a duré environ une heure et demie, selon un communiqué de la Maison-Blanche.

Un haut responsable américain a par ailleurs assuré, lors d’une conférence de presse téléphonique, que le président américain n’avait fait « aucune concession » à son homologue russe.

Il réagissait à des informations de presse selon lesquelles Washington ferait pression pour que Kiev cède au moins une partie du contrôle de certains territoires dans l’est de l’Ukraine, occupés par des séparatistes prorusses.  

« Aucune nation ne peut en forcer une autre à changer sa frontière », a dit cette source.

« Ferme soutien »

Joe Biden a aussi évoqué dans son appel à Volodymyr Zelensky son soutien aux accords de Minsk de 2015, aujourd’hui dans l’impasse, qui devaient mettre fin au conflit meurtrier ravageant l’est de l’Ukraine.  

Le président américain est selon la Maison-Blanche prêt à soutenir des « mesures propres à encourager la confiance » dans ce processus politique.

Le président américain, dans une autre conversation avec neuf pays de l’Europe de l’Est membres de l’OTAN, leur a promis de « poursuivre une étroite consultation et coordination » et a affirmé la « nécessité d’une position unie » au sein de l’alliance militaire.

Le président ukrainien a lui salué le « ferme soutien » apporté selon lui par Joe Biden à son pays.

Lors de leur appel, MM. Biden et Zelensky ont notamment « discuté de formats possibles de résolution du conflit au Donbass », région de l’Est ukrainien théâtre de sanglants affrontements depuis 2014, a indiqué le chef d’État ukrainien.

Les Occidentaux accusent depuis plus d’un mois la Russie d’avoir massé des dizaines de milliers de soldats près de la frontière ukrainienne. Le Kremlin assure répondre à des « provocations ».

Joe Biden et Vladimir Poutine se sont parlé deux heures mardi sans parvenir à faire tout à fait retomber les tensions, bien que les deux camps aient évoqué des discussions utiles.

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« La Russie mène une politique extérieure pour la paix, mais elle a le droit de protéger sa sécurité », a commenté à ce sujet M. Poutine lors d’une conférence de presse à Sotchi, estimant que laisser l’OTAN s’approcher de ses frontières sans réagir serait « criminel ».  

« Si en effet (Poutine) envahit l’Ukraine », il y aura des « conséquences économiques comme il n’en a jamais vu », a déclaré mercredi M. Biden, écartant toutefois l’envoi de troupes américaines, Kiev n’étant pas membre de l’OTAN.

« Mensonge », selon Moscou

Les tensions avec Moscou réveillent le spectre d’une flambée meurtrière en Ukraine, pays pauvre d’Europe orientale déchiré depuis sept ans par une guerre entre Kiev et des séparatistes prorusses. Ce conflit a fait plus de 13 000 morts.

La Russie nie toute velléité belliqueuse envers son voisin, dont elle a annexé la péninsule de Crimée en 2014, mais s’oppose catégoriquement à l’adhésion de cette ex-république soviétique à l’OTAN.

Vladimir Poutine a soutenu jeudi que les populations russophones dans le Donbass souffraient d’une « russophobie », un « premier pas vers un génocide ».

La veille, il avait affirmé que Moscou avait « le droit de protéger sa sécurité ».

De son côté, le chef de l’état-major militaire russe, le général Valéri Guerassimov, a balayé jeudi comme un « mensonge » le plan d’invasion de l’Ukraine prêté à Moscou.  

Pour l’instant, les Occidentaux maintiennent leur pression diplomatique sur Moscou, en évoquant de dures sanctions économiques si la Russie passait à l’acte.

Le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, a menacé en particulier Moscou de « conséquences » pour le gazoduc controversé Nord Stream 2 devant livrer du gaz russe en Allemagne.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le président du Conseil européen Charles Michel sont aussi convenus, lors d’un entretien, « de la nécessité d’imposer des sanctions rapides et sévères » si l’escalade militaire s’intensifiait.

Le président Biden a indiqué qu’une attaque russe contre Kiev entraînerait un renforcement de la présence militaire américaine sur les territoires des membres de l’OTAN en Europe de l’Est.

Il a également évoqué l’envoi de « moyens de défense » supplémentaires à Kiev, qui recevra déjà des « armes légères et des munitions » envoyées cette semaine dans le cadre d’un plan de soutien américain.