(Paris) Officiellement sans candidat, la campagne de réélection d’Emmanuel Macron se structure intensivement depuis plusieurs semaines, des hommes aux idées en passant par les finances, tout en maintenant le suspense sur l’état-major politique et le calendrier retenus par le chef de l’État.

La date et la forme de l’annonce de candidature de M. Macron font encore l’objet de nombreuses conjectures au sein de l’écosystème macroniste mais la campagne, elle, est déjà lancée sans le dire, à l’image des déplacements mardi et mercredi du président dans les régions du Cher et de l’Allier.

« Le paquebot est construit, il manque le commandement », dit une conseillère de l’exécutif.

« L’équipe opérationnelle est en place », abonde une marcheuse de la première heure, estimant que « la force de frappe est beaucoup plus importante qu’en décembre 2016 », quatre mois avant que M. Macron n’accède à l’Élysée.

Outre l’acquisition l’été dernier d’un nouveau siège pour LREM destiné à abriter le QG de campagne, plusieurs autres briques ont été posées, sous la houlette de Grégoire Potton — un historique de la campagne 2016-2017 — qui œuvre comme « coordinateur des campagnes présidentielle et législatives », en lien avec le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, selon plusieurs sources gouvernementales.  

Des groupes de travail thématiques, regroupant des experts, ont été mis sur pied afin d’alimenter le futur programme qui devrait être assemblé par David Amiel, un ancien conseiller de M. Macron à Bercy puis à l’Élysée. On y retrouve quelques figures bien connues, comme l’ancienne conseillère protection sociale à l’Élysée et Matignon Marguerite Cazeneuve.

Le député Roland Lescure et l’ex-secrétaire générale adjointe de l’Élysée Anne de Bayser sont, eux, en quête de relais dans la société civile, auscultant ONG, associations, représentants de filières…

Côté communication et stratégie numérique, un ancien d’Orange (Christian Bombrun) et une ex de Loréal (Domitille Fafin) ont rejoint LREM pour la campagne, tout comme Thibault Caizergues, « directeur de création » à l’Élysée.  

Jérôme Peyrat, éphémère conseiller politique de M. Macron, est chargé des relations avec les élus, avec la mission de récolter plus de parrainages qu’il y a 5 ans, en faisant en sorte qu’ils soient représentatifs de tous les territoires. Sur ce point, les députés ont été missionnés pour faire remonter avant Noël des listes de maires favorables au chef de l’État, tandis qu’en parallèle, le député Thierry Solère, conseiller politique de M. Macron, poursuit sa chasse à droite.

Flou sur le commandement

La partie la plus aisée devrait finalement être la levée de fonds, car LREM, qui reçoit autour de 20 millions d’euros d’argent public par an, dispose d’un confortable trésor de guerre. Selon des sources internes concordantes, il ne resterait que 5 millions d’euros à trouver, quand 16 avaient été levés en 2016-2017.

Des dîners autour de donateurs, auxquels ont parfois participé des ministres, ont permis d’amorcer la pompe. Les comptes seront tenus par le député Laurent Saint-Martin, futur trésorier de campagne.

Reste donc à dessiner l’entourage politique du président, qui a toujours aimé entretenir le flou sur ses organigrammes, laissant à chacun le soin de croire en son influence. Sachant que l’annonce officielle de M. Macron engendrera logiquement d’autres départs de l’Élysée (ou du gouvernement) pour la campagne, comme probablement celui de son conseiller spécial Clément Léonarduzzi.

« Ça ne sera pas structuré », abonde un ministre. « De toute façon le président fera comme il fait d’habitude : il activera qui il veut, quand il veut, et décidera seul à la fin », résume-t-il.

« La campagne, ça va être horrible. Tout le monde va se pousser du col », prédit un autre membre du gouvernement.

Le ministre des Outre-mers Sébastien Lecornu semble à ce jour le plus déterminé à officier comme directeur de campagne, bien qu’une actualité houleuse complique la donne, entre crise sociale aux Antilles et référendum en Nouvelle-Calédonie.

Plus généralement, le rôle exact des ministres, dont M. Macron a promis qu’ils agiront jusqu’au dernier quart d’heure du quinquennat, est encore indéterminé. Une question qui taraude les plus politiques d’entre eux, comme le porte-parole Gabriel Attal, Bruno Le Maire à l’Économie ou encore Olivier Véran à la Santé.