(Paris) « Impossible n’est pas français ». Éric Zemmour veut, pour son premier rassemblement dimanche à Villepinte (Seine-Saint-Denis), « mobiliser » avec ce slogan ses partisans pour en faire une démonstration de force après une entrée dans la campagne présidentielle houleuse, décriée par toute la classe politique.

« C’est absolument dingue l’engouement, […] On attend beaucoup de monde », s’enthousiasme auprès de l’AFP Antoine Diers, le porte-parole des Amis d’Éric Zemmour.

Pour ce « rassemblement de mobilisation », le directeur des évènements du nouveau candidat, Olivier Ubéda, assure avoir recensé 19 000 inscrits, pour lesquels il a fallu changer de lieu, du Zénith au Parc des expositions de Villepinte. Il s’agissait aussi de ne pas mettre en « danger » le public au regard des manifestations prévues, que M. Ubéda anticipe « violentes ».

« S’il y a des milices d’extrême gauche qui veulent commettre des exactions et mettre le bazar, le souci, ce sont elles, pas nous », lâche Samuel Lafont, responsable de la communication numérique.

Une cinquantaine d’organisations syndicales, de partis et d’associations ont appelé à manifester dimanche à Paris pour « faire taire » le candidat d’extrême droite, sur le parcours initialement prévu, de Barbès à la Villette, où se trouve le Zénith.

De source policière, la manifestation et le rassemblement au Parc des expositions sont considérés comme « à risque ».

La police attend quelques milliers de personnes à Paris et une centaine de militants de l’ultragauche à Villepinte où elle craint des affrontements.  

Argumentation

Le président PS de la Seine–Saint-Denis, Stéphane Troussel, soutenu par la députée LFI Clémentine Autain, a lancé de son côté une pétition pour faire annuler le rassemblement par les propriétaires du lieu, le groupe Viparis, en l’interpellant sur sa « charte de la diversité ».

« Après les cafés interdits aux femmes et les quartiers interdits à la police, Stéphane Troussel voudrait maintenant un département entier interdit à tous ceux qui veulent que la France reste la France », a rétorqué Éric Zemmour sur Twitter.

La démarche a aussi été contestée par le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, pour qui « la démocratie, c’est d’écouter aussi ce qui vous déplaît ». « C’est par l’argumentation d’abord, et in fine dans les urnes, que se combat utilement l’extrême droite », a abondé le député LR Guillaume Larrivé.

Durant le rassemblement seront dévoilés le nom du parti et une « scénographie » qui l’accompagnera tout au long de sa campagne.

Une première affiche de campagne d’Éric Zemmour avec le slogan « impossible n’est pas français », expression attribuée à Napoléon, été diffusée vendredi soir sur ses réseaux sociaux.

Le rassemblement permettra aussi de mesurer les ralliements, alors que l’organisation est critiquée pour sa fragilité, l’omniprésence de la conseillère Sarah Knafo et que des militants plus radicaux ont intégré l’organisation de la campagne.

Le financier Charles Gave a retiré son soutien, après avoir prêté 300 000 euros, et le souverainiste Philippe de Villiers ne sera pas présent dimanche.

Un général

Toutefois l’ancien député conservateur Jean-Frédéric Poisson a annoncé vendredi qu’il renonçait à sa candidature pour se ranger derrière celle d’Éric Zemmour, qu’il ira applaudir à Villepinteavant de s’occuper des législatives.

Le général Bertrand de la Chesnais, ancienne tête de liste pour le RN aux municipales de 2020 à Carpentras (Vaucluse), qui s’occupe déjà des questions de défense, pourrait être nommé directeur de campagne.

Pour le nouveau parti, l’ancien mégrétiste et proche des identitaires Grégoire Tingaud sera chargé de coordonner les référents régionaux, parmi lesquels l’ancien cadre du Bloc identitaire Philippe Milliau, actuel président de TV Libertés, qui s’occupera notamment de la Bretagne.

Le maire de Béziers Robert Ménard, soutien de Marine Le Pen et ami d’Éric Zemmour, espère des « propositions » au rassemblement. « C’est un pari audacieux, il faut le réussir » après une annonce de candidature qu’il juge d’une « noirceur apocalyptique », comme l’ensemble de la classe politique.

Alors que le rassemblement a lieu au lendemain de la désignation du candidat des Républicains, le chef de file des députés LR Damien Abad doute de la « capacité » du polémiste « à incarner la fonction présidentielle », après ses insultes contre le journaliste Gilles Bouleau à l’issue de sa première interview en tant que candidat mardi soir sur TF1.

Plusieurs personnalités et médias, dont l’AFP, ont fustigé par ailleurs l’utilisation – sans leur consentement – de leurs images dans la vidéo de l’annonce de candidature. M. Ubéda a indiqué que son équipe était « en train de travailler » sur l'éventuel retrait de quelques images.

Cette périlleuse entrée en campagne suit des déplacements déjà chahutés, comme à Londres, Genève, ou encore Marseille, où sa visite s’est terminée par un échange de doigts d’honneur avec une opposante.