(Riga) Les États-Unis ont mis en garde mardi la Russie contre toute nouvelle « agression » visant l’Ukraine, au moment où l’OTAN se réunit pour envisager ses « options » face au renforcement de la présence militaire russe à la frontière ukrainienne.

« Toute future agression russe contre l’Ukraine aurait un prix élevé et aurait de graves conséquences politiques et économiques pour la Russie », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à la fin de la première journée de la réunion.

Selon lui, les membres de l’alliance pourraient imposer « des sanctions économiques et des réactions politiques » contre Moscou sans entrer dans les détails.

« Nous devons nous préparer au pire et nous devons transmettre un message à la Russie selon laquelle elle ne doit pas mener d’incursion militaire en Ukraine », a-t-il déclaré.

Plutôt, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken à Riga a indiqué que « toute escalade de la part de la Russie serait très préoccupante pour les États-Unis comme pour la Lettonie et toute nouvelle agression provoquerait des conséquences sérieuses ».

Prévue de longue date, la réunion dans la capitale lettonne intervient à un moment d’instabilité sur le flanc oriental de l’OTAN, d’autant plus que ses membres doivent aussi se pencher sur la crise migratoire orchestrée par la Biélorussie, allié de Moscou.

Les Occidentaux craignent que des mouvements « inhabituels » de troupes russes à la frontière ukrainienne, pour la seconde fois cette année, soient le signe précurseur d’une possible invasion.

« Stratégie russe »

Plus tôt, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, qui a évoqué la présence de blindés, de drones et de « dizaines de milliers de soldats prêts au combat », a assuré que les Alliés avaient « plusieurs options » en cas d’incursion russe.

« Nous avons démontré ces dernières années, en riposte à de précédents cas de recours à la force militaire de la part de la Russie contre l’Ukraine, que nous pouvions imposer de lourdes sanctions économiques et financières mais aussi politiques », a-t-il dit avant l’ouverture de la réunion.

Sans détailler ces « options » avant de « consulter » les autres membres de l’OTAN, Antony Blinken a aussi fait référence au passé. « Nous avons vu la stratégie russe à plusieurs reprises », qui consiste à « créer de toutes pièces » des « provocations » pour justifier une intervention, a-t-il estimé.

Moscou, qui a envahi la Crimée ukrainienne en 2014 et soutient les séparatistes combattant Kiev, a fermement nié préparer une attaque.

« Ils ont parlé d’une possible intervention militaire russe en Ukraine au début de l’année, et vous avez vu que ce n’est pas arrivé », a balayé mardi le président russe Vladimir Poutine, dénonçant les « menaces » occidentales et lançant un avertissement à ceux qui franchiraient ses « lignes rouges ».

L’Alliance avance sur une ligne de crête : elle veut montrer au Kremlin qu’il ferait face à des coûts élevés s’il recourait à la force contre l’Ukraine, tout en évitant de le provoquer.

Les responsables s’attendent à des discussions sur un soutien supplémentaire à l’armée ukrainienne et un renforcement potentiel des forces de l’OTAN déployées le long de son flanc oriental.

Ils soulignent cependant que l’Ukraine, candidate à une adhésion à l’OTAN et dont le ministre des Affaires étrangères sera présent à Riga, n’est pas protégée par le pacte de défense collective de l’Alliance.

Menace « hybride » biélorusse

L’angoisse croissante autour de l’Ukraine survient alors que la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, membres de l’OTAN, sont confrontés à une autre menace.

Les trois pays accusent l’allié de Moscou, la Biélorussie, d’orchestrer la crise migratoire et de faire peser sur l’Union européenne une menace « hybride » en réponse aux sanctions européennes prises contre le régime après la répression en 2020 d’un mouvement d’opposition, ce que Minsk dément.

Jens Stoltenberg et Antony Blinken ont tous les deux accusé à nouveau le président biélorusse Alexandre Loukachenko d’utiliser les migrants « vulnérables » pour déstabiliser les Européens.

« Nous travaillons très étroitement avec l’Union européenne, car ni l’Union européenne ni l’OTAN ne disposent de tous les outils. Mais ensemble, nous pouvons apporter une réponse forte », a dit le chef de l’Alliance atlantique.

Le secrétaire d’État américain a lui de nouveau prévenu que Washington travaillait en coordination avec les Européens à de nouvelles sanctions contre la Biélorussie.

Le président polonais Andrzej Duda a évoqué l’augmentation du nombre de forces de l’OTAN déployées sur son flanc oriental lors d’une rencontre avec Jens Stoltenberg la semaine dernière. Une décision de déclencher des consultations d’urgence en vertu de l’article 4 de l’Alliance semble toutefois avoir été suspendue.

Les tensions le long des frontières orientales de l’OTAN et de l’UE se sont apaisées depuis que certains migrants ont commencé à rentrer chez eux en Irak, mais Varsovie et Vilnius insistent sur le fait que la crise est loin d’être terminée.