(Bohoniki) Un fœtus de 27 semaines d’une migrante irakienne a été enterré mardi à Bohoniki, dans l’est de la Pologne, au fond d’une quatrième tombe creusée dans le cimetière musulman pour les victimes de la crise migratoire.

Au total, au moins onze personnes sont mortes des deux côtés de la frontière, en essayant d’entrer dans l’Union européenne depuis la Biélorussie.  

Seulement deux membres de la communauté locale et l’imam ont accompagné le petit cercueil blanc jusqu’à la tombe, alors que la première neige a recouvert les champs environnants.  

Sur une petite plaque funéraire blanche figure un nom : Halikari Dhaker.

Sa mère se trouve dans un état grave dans un hôpital de la région, tandis que le père et leurs cinq enfants sont logés dans un centre pour réfugiés à Bialystok (est).  

Le groupe a été retrouvé par des bénévoles polonais dans les forêts froides et humides de la zone frontalière, le 12 novembre près du village de Narewka (est).

« Les enfants étaient assis très calmement et paisiblement à côté de leur mère, qui ne cessait de hurler. Leur père se tordait les mains, en appelant à l’aide », a indiqué au quotidien Gazeta Wyborcza un des bénévoles, Piotr Matecki.  

« Elle souffrait ainsi depuis deux jours, allongée, vomissant de l’eau, ne prenant aucune nourriture ».

Une ambulance a transporté la femme dans un hôpital où les médecins ont constaté la mort du fœtus.  

« Ces gens-là n’ont pas quitté leur maison, leur pays pour faire un voyage touristique, mais pour trouver une meilleure vie », a insisté lors de la cérémonie Ali Aleksander Bazarewicz, l’imam de la communauté tatare locale.  

« Lorsqu’on a creusé la première tombe, nous espérions que c’était la dernière. Malheureusement ce n’est pas le cas », a-t-il ajouté.  

Dimanche, un migrant yéménite de 37 ans mort de froid et d’épuisement a été enterré dans ce même cimetière.  

L’Occident accuse la Biélorussie d’avoir orchestré la crise en faisant venir des candidats à l’immigration et en les amenant à la frontière, pour se venger des sanctions occidentales visant le régime.

Une fois sur place, les migrants se retrouvent pris en étau entre une Pologne refusant de les laisser entrer et les policiers biélorusses les empêchant de faire demi-tour.