(Washington) Les États-Unis ont annoncé mercredi avoir ajouté la Russie à leur liste noire des pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse.

En revanche, le Nigeria, inscrit sur cette liste l’an dernier, en a été retiré, selon un communiqué du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken qui doit se rendre cette semaine dans ce pays africain.

Les autres pays désignés « pour avoir perpétré ou toléré des violations flagrantes, systématiques et persistantes de la liberté religieuse » sont les mêmes qu’en 2020 : Arabie saoudite, Birmanie, Chine, Corée du Nord, Érythrée, Iran, Pakistan, Tadjikistan et Turkménistan.

L’Algérie, les Comores, Cuba et le Nicaragua sont placés sur la liste intermédiaire des États « sous surveillance ».

« Les États-Unis ne se détourneront pas de leur engagement à plaider pour la liberté de religion ou de croyance pour tous et dans chaque pays », a dit Antony Blinken. « Dans trop d’endroits à travers le monde, nous continuons de voir des gouvernements harceler, arrêter, menacer, incarcérer et tuer des personnes simplement pour leur volonté de vivre leur vie en accord avec leur croyance. »

Le ministre ne précise pas dans son communiqué ce qui est reproché aux pays mis à l’index. Mais ses désignations s’appuient sur le rapport annuel sur la liberté religieuse rédigé par ses services.

Loi sur l’extrémisme

Le dernier, publié en mai, relève, s’agissant de la Russie, « un détournement de la loi sur l’extrémisme de la part du gouvernement pour restreindre les activités pacifiques de minorités religieuses ». Il fait notamment état de « persécutions » visant les Témoins de Jéhovah.

« Des organisations religieuses et non gouvernementales ont rapporté que les autorités continuaient de viser par des enquêtes, arrêter, incarcérer, torturer et/ou abuser physiquement des personnes, ou saisir leur propriété, en raison de leur foi religieuse, notamment des membres de groupes que le gouvernement classe comme extrémistes et interdits », dont les Témoins de Jéhovah et le mouvement islamiste Hizb Ut-Tahrir, selon ce rapport.

L’ONG russe de défense des droits humains Mémorial a affirmé en octobre que le nombre des prisonniers politiques avait fortement augmenté cette année en Russie, le mouvement des Témoins de Jéhovah étant particulièrement dans le collimateur des autorités.

La Russie était l’année précédente sur la liste américaine des pays sous surveillance.

Son inscription sur la liste noire intervient à un moment où les sujets de tensions entre Washington et Moscou se multiplient à nouveau, malgré la volonté d’apaisement affichée par les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine lors de leur sommet de juin à Genève.

Ces derniers jours, les États-Unis ont mis en garde la Russie pour des mouvements militaires à la frontière ukrainienne et pour son » influence « auprès de la Biélorussie dans la crise des migrants aux portes de l’Union européenne, et ont vivement dénoncé un tir de missile antisatellite russe jugé » dangereux et irresponsable « .

Le président Biden a aussi vertement critiqué l’absence de son homologue russe à la COP26, la conférence de l’ONU sur le climat, tandis que les deux grandes puissances rivales, dont les relations sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide, continuent de se disputer au sujet des effectifs de leurs ambassades respectives, après plusieurs vagues d’expulsions de diplomates.