(Zone tampon des Nations unies) Des vieux pneus, des boîtes en carton déchirées… Dans la zone tampon qui divise l’île de Chypre entre le Sud chypriote-grec et le Nord chypriote-turc, de jeunes bénévoles s’activent vendredi pour nettoyer le banc de terre, avec l’aide de Casques bleus de l’ONU.

Non loin du village de Troulli, dans le sud-est de l’île méditerranéenne, les bénévoles, tous de jeunes Chypriotes-grecs engagés dans des projets bicommunautaires, chargent les sacs remplis de déchets dans deux camionnettes des Nations unies.

Depuis son invasion par l’armée turque en 1974 en réaction à un coup d’État de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce, l’île est divisée entre la République de Chypre – membre de l’Union européenne – qui exerce son autorité au sud, et la République turque de Chypre-Nord (RTCN) autoproclamée en 1983, uniquement reconnue par Ankara.

Alors que les négociations sont au point mort depuis 2017, l’ONU tente de rassembler les habitants des deux côtés de la zone tampon qui sépare le Sud du Nord, à travers des opérations de nettoyage périodiques, comme l’explique le porte-parole de la Force de maintien de la paix de l’ONU pour Chypre (UNFICYP), Aleem Siddique.

La zone tampon, qui mesure 180 kilomètres de long et 8 kilomètres de large, abrite une variété exceptionnelle d’espèces végétales et animales, mais s’est au fil du temps transformée en décharge à ciel ouvert, déplore le porte-parole onusien.  

« La protection de l’environnement est un intérêt commun partagé par les deux communautés », dit-il à l’AFP.

L’opération de nettoyage s’inscrit dans le programme « Jeunes champions pour l’environnement et la paix » de l’ONU et était organisée à l’occasion de la dernière journée officielle de la conférence sur le climat COP26 de Glasgow, en Écosse.

« Mêmes valeurs »

Pour arriver à la décharge sauvage, les camionnettes ont emprunté un chemin bordé d’oliviers, parsemé ici et là de détritus en polystyrène et métal.

« Nous avons observé une hausse significative des déversements de déchets et autres violations dans la zone », indique M. Siddique. Ces déchargements auraient lieu surtout la nuit et sont liés aux activités de construction dans la région, assure-t-il.

Tenant à la main un sac en plastique noir, Joya Lahoud, l’une des jeunes bénévoles, ratisse le sol un peu plus loin et ramasse les ordures qui y traînent.

« Nous habitons tous la même île et nous partageons les mêmes valeurs en fin de compte », dit la jeune femme de 19 ans qui a participé en août à un projet bicommunautaire de deux semaines dans le cadre de ce même programme onusien.

Les jeunes Chypriotes-grecs et Turcs « travaillent ensemble sans aucune division », affirme celle qui a récemment participé à une opération de nettoyage sur une plage de Famagouste, dans le Nord.

Mais pour Boghos Avetikian, un Chypriote d’origine arménienne de 23 ans, les occasions qui rassemblent les jeunes des deux bords sont rares.

« Les jeunes des deux communautés ne se côtoient pas assez », déplore le jeune de 23 ans qui réside dans la partie sud de l’île. « S’ils avaient la chance de collaborer ensemble, je pense que quelque chose de bien en découlerait. »