(Suresnes) Un mois après le décès d’Hubert Germain à l’âge de 101 ans, la France a dit jeudi adieu au dernier des Compagnons de la Libération, Emmanuel Macron saluant avec émotion ces « chevaliers de la liberté » qui sont « les visages intemporels de la France ».

A 15 h (9 h HNE), le cercueil de l’illustre résistant est entré dans la crypte du mémorial de la France combattante, au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine), pour y reposer définitivement au milieu de 16 autres combattants de la deuxième guerre mondiale.

La cérémonie s’est déroulée dans la plus grande sobriété et dans le silence, à l’exception d’une Marseillaise et d’un émouvant Chant des partisans a cappella, à l’issue duquel Emmanuel Macron a essuyé quelques larmes.

« Le jour est venu » où il faut « dire adieu » au dernier des Compagnons de la Libération, qui rejoint « ses frères de combat et avec eux, tous ceux qui se sont levés pour que vive la France », avait auparavant déclaré le chef de l’État.

L’inhumation d’Hubert Germain, décédé le 12 octobre, a donné une dimension historique à la cérémonie du 103e anniversaire de l’Armistice de 1918, l’occasion de célébrer tous les Français tombés au combat.

L’hommage avait débuté en milieu de matinée lorsque le cercueil quittait, sous un beau soleil automnal, les Invalides sur un char AMX-10 portant le nom de la bataille de Bir Hakeim. Après s’être arrêté devant la statue du général de Gaulle, comme l’avait souhaité Hubert Germain, il a remonté les Champs-Élysées, accompagné de la Garde républicaine, jusqu’à l’Arc de Triomphe où il a été déposé à côté du soldat inconnu.

« Serions-nous là sans Hubert Germain ? », s’est interrogé Emmanuel Macron, en énumérant les noms de plusieurs des 1038 Compagnons de la Libération, « illustres et anonymes » qui « suivirent le général de Gaulle dans cette aventure insensée » en décidant de continuer la lutte contre les nazis en 1940.

« Le dernier compagnon n’est plus […] Mais ces 1038 qui ont épousé la France ne disparaissent pas pour autant », a-t-il ajouté dans un discours prononcé sous l’Arc de Triomphe durant la cérémonie de commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918.

Actuellement en visite en France, la vice-présidente américaine Kamala Harris était sur place à l’Arc de Triomphe, estimant qu’il était « important » d’être présente, car les États-Unis et la France ont « une longue histoire partagée », a-t-elle dit à son arrivée.

« Le refus des divisions »

Emmanuel Macron, portant un « Bleuet de France » comme les ministres et personnalités présents, a annoncé que l’Ordre de la Libération, créé en novembre 1940, « vivra » après la disparition du dernier Compagnon. En restant « une source éternelle d’inspiration pour les enfants de France, toujours unis ».

Les Compagnons « rejoignent nos morts et, de Bouvines au Chemin des Dames, de Pathé à Valmy, de Rance à Koufra, ils inscrivent leurs destins aux côtés de ceux qui ont porté l’esprit de résistance. L’amour d’une patrie libre, le refus des divisions pour l’honneur de la France », a déclaré le chef de l’État.

En juin 1960, en inaugurant ce mémorial, Charles de Gaulle avait émis le souhait que le caveau n° 9 de la crypte soit réservé au dernier des membres de l’Ordre de la Libération, qu’il avait créé pour « récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de libération de la France et son empire ».

Dans la crypte, Emmanuel Macron s’est recueilli seul devant le cercueil, sur lequel il a déposé une croix de Lorraine taillée dans le bois de la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris, comme l’avait souhaité Hubert Germain.

À l’extérieur, étaient présents le premier ministre Jean Castex, les maires des villes Compagnons de la Libération (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors, et l’Ile-de-Sein), ainsi que des jeunes de Suresnes.

Les principaux responsables politiques ont également participé aux cérémonies du 11 novembre organisées sur tout le territoire. Parmi les candidats à la présidentielle, Marine Le Pen, présente à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) a eu le discours le plus politique en dénonçant « ceux qui cherchent à “déconstruire” notre patrie pour décrire un passé qui ne ressemble à rien à ce que nous sommes » mais aussi ceux qui « se noient dans un passé si polémique qu’il brutalise et divise ».