(Paris) La vice-présidente américaine Kamala Harris a promis jeudi à Paris l’engagement de son pays dans le combat mondial contre la pauvreté, actant après Joe Biden le retour des États-Unis au cœur de la communauté internationale.

« Répondre au défi de la pauvreté est une obligation pour nous tous », a-t-elle insisté en ouverture de la quatrième édition du Forum de Paris sur la Paix, qui se veut un lieu d’échanges entre chefs d’État, ONG, entreprises et représentants de la société civile sur les grands défis mondiaux.

« Dans ce moment pivot, si nous unissons nos forces, il n’est pas de défi auquel nous ne puissions faire face », a-t-elle ajouté, en appelant chaque pays à agir dans ses frontières, mais aussi à faire montre de « solidarité internationale ».

Le président français Emmanuel Macron a salué ce réengagement américain, lancé par le président Joe Biden après quatre années d’isolationnisme sous Donald Trump, qui a boudé nombre d’organisations internationales.

« De savoir les États-Unis d’Amérique revenir dans le club du multilatéralisme fut pour nous tous une formidable nouvelle. Merci pour cela. Parce que je crois que c’est la place des États-Unis », a-t-il lancé.

Le président nigérian Muhammadu Buhari a appelé les pays du Nord, y compris les États-Unis, à passer au plus vite aux travaux pratiques sur le front de la pandémie de COVID-19, en fournissant plus de vaccins au continent africain.

« Le niveau actuel de livraisons de vaccins laisse beaucoup à désirer », a-t-il regretté. « Certains pays en sont à la troisième dose pour leurs citoyens quand des millions de gens à travers le monde attendent encore leur première », a-t-il déploré, notant que seulement 6 % de la population africaine était vaccinée.

« Aller plus vite »

Le président Macron a concédé que les pays riches devaient faire plus même si les Européens ont été les premiers à se mobiliser pour livrer des doses aux pays les plus pauvres via le système Covax.

« Aujourd’hui, d’ores et déjà, les Françaises et les Françaises ont chacun livré une dose de vaccin au reste du monde […] Néanmoins, ces engagements ne sont pas suffisants […] Il nous faut donc aller plus vite et beaucoup plus fort, premièrement en accélérant les dons de doses », a-t-il martelé.  

La lutte contre les inégalités sera au cœur durant trois jours du Forum de Paris pour la paix, voulu en 2018 par Emmanuel Macron et axé cette année sur la réduction des fractures mondiales.  

Une trentaine de chefs d’État et de gouvernement sont attendus à ce quatrième rendez-vous qui se tiendra jusqu’à samedi et coïncide avec une conférence internationale sur la Libye vendredi.

Plusieurs chefs d’État d’Afrique subsaharienne (Côte d’Ivoire, Nigeria, Sénégal, Liberia, Botswana…) seront notamment présents, de même que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ou les premiers ministres de Serbie et du Kosovo.

Ce Forum vise à instaurer un rendez-vous régulier des décideurs mondiaux à Paris à l’image de ce qui se fait à Davos en matière économique ou à Munich sur les enjeux de sécurité, deux évènements très courus chaque début d’année.

Un numérique « éthique et responsable »

« L’objectif est de fournir une plateforme où se rencontrent les États, mais aussi les autres acteurs sur des tas de sujets comme le climat, la santé, l’économie sociale et solidaire, les questions numériques », explique le directeur du Forum, Justin Vaïsse.

Emmanuel Macron et Kamala Harris ont assisté dans ce cadre à un panel sur les grands enjeux mondiaux du numérique, destiné à faire le point sur une série d’initiatives (Appel de Paris, de Christchurch.) liées à la cybersécurité, la lutte contre les contenus terroristes et extrémistes violents en ligne ou la désinformation sur les réseaux sociaux.

Le Partenariat mondial pour l’intelligence artificielle (PMIA) devait aussi remettre à cette occasion un rapport « sur l’usage responsable et éthique » de ces technologies, en présence du président de Microsoft Brad Smith.

Ce partenariat, qui réunit « exclusivement des démocraties », compte 19 membres (Canada, Japon, États-Unis, Union européenne…) et entend s’élargir à l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine, selon le palais de l’Élysée.  

La lutte contre la désinformation et la régulation des débris dans l’espace, qui encombrent l’orbite basse, seront aussi au cœur d’initiatives de gouvernance vendredi.  

Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, présentera samedi l’Observatoire international sur l’information et la démocratie, « équivalent pour le dérèglement démocratique de ce qu’est le GIEC pour le dérèglement climatique ».