(Berlin) Plus de contaminations et plus de malades à l’hôpital : l’épidémie de COVID-19 s’emballe en Allemagne, où la barre des 50 000 nouvelles infections quotidiennes a été franchie, forçant le futur chancelier Olaf Scholz à sortir de sa réserve.

Appelé à succéder à Angela Merkel, le social-démocrate voit se profiler la première crise d’un mandat qu’il ne devrait pas entamer avant le mois de décembre et la conclusion des négociations entre son parti SPD, les écologistes et les libéraux.

Avant même d’entrer en fonction, M. Scholz tente de prendre la main pour désamorcer les critiques qui montent sur l’impréparation du pays face à la nouvelle vague épidémique.

L’Allemagne a enregistré jeudi un nombre record de nouvelles infections à la COVID-19 avec 50 196 cas supplémentaires en 24 heures.

Dans ce contexte, les futurs partenaires de coalition ont présenté dans la matinée au parlement des propositions nationales pour lutter contre la résurgence des contaminations.

Sociaux-démocrates, verts et libéraux misent sur une nouvelle campagne de vaccination, une vaste offensive de tests et sur l’imposition de restrictions pour les personnes non vaccinées.

« Nous devons prendre de très nombreuses mesures nécessaires pour passer cet hiver. Nous devons mettre notre pays à l’abri de l’hiver », a exhorté devant les députés M. Scholz, ministre des Finances dans le gouvernement sortant d’Angela Merkel.

Relancer la vaccination

« La toute première chose et la plus importante est de ne pas relâcher nos efforts pour que le maximum de citoyens soient vaccinés. Tout le monde n’est pas encore convaincu que c’est la bonne chose à faire », a déploré le social-démocrate.

« Nous savons quelle en sera la conséquence : un très grand nombre de ceux qui ne sont pas vaccinés seront infectés […] C’est la situation qui nous attend », a-t-il mis en garde, souhaitant la réouverture des centres de vaccination.

La flambée est en partie attribuée au taux de vaccination relativement faible de la population en Allemagne, un peu plus de 67 %.  Aucune obligation vaccinale n’a été imposée dans le pays, y compris pour le personnel soignant.

Le ministre de la Santé Jens Spahn avait récemment qualifié cette nouvelle vague infectieuse de « pandémie des non vaccinés ».

Le taux d’incidence sur sept jours, qui mesure le nombre de nouvelles infections pour 100 000 habitants, s’élève désormais à 249,1, avec des situations alarmantes dans les Länder de Saxe (521), de Thuringe (469,2) ou en Bavière (427).

Le nombre de décès en 24 heures grimpe, s’élevant jeudi à 235. La pression est croissante sur les unités de soins hospitaliers.

L’Allemagne a déjà dû commencer à transférer des patients des régions les plus touchées, notamment dans l’est du pays plus réfractaire à la vaccination, vers des régions où la situation épidémique est sous contrôle.

Angela Merkel avait jugé mercredi « dramatique » la reprise des infections dans le pays.

Privés de sortie

Plusieurs États touchés ont commencé à réagir en introduisant de nouvelles restrictions visant les personnes non vaccinées.

Ainsi, à compter de lundi, Berlin va leur interdire l’accès aux restaurants sans terrasse, aux bars, aux salles de sport et aux salons de coiffure.

Un test négatif ne permettra plus d’avoir accès à ces lieux publics si les usagers ne sont pas vaccinés ou ne peuvent prouver qu’ils sont guéris de la maladie.

Ce type de dispositif dit « 2G », pour « geimpft » (vacciné) ou « genesen » (guéri), est déjà entré en vigueur cette semaine en Saxe, État-région situé en ex-RDA où le taux de vaccination est très inférieur à la moyenne nationale.

Parmi les mesures présentées jeudi par les partis de la future coalition figurent une généralisation de l’exclusion des personnes non vaccinées de certains évènements en intérieur, des mesures de prévention plus strictes sur le lieu de travail et la possibilité d’exiger des tests PCR au lieu de tests rapides.

Les nouveaux partenaires au sein de la coalition souhaitent également réintroduire le test gratuit de dépistage du coronavirus, abandonné le mois dernier.

Ces propositions, si elles sont adoptées, devraient entrer en vigueur à la fin du mois.

Les trois partis ont, en revanche, exclu d’imposer la vaccination obligatoire contre la COVID-19 et un confinement à l’échelle fédérale.