(Londres) Le club de cricket du Yorkshire a été suspendu jeudi de toute compétition internationale sur son terrain après que les instances de la discipline ont condamné sa gestion « totalement inacceptable » d’une affaire de racisme dont a été victime l’ancien joueur de cricket anglais Azeem Rafiq.

À la suite d’accusations lancées par le sportif né au Pakistan, le club du Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre, avait publié un rapport en septembre concluant qu’il avait été la « victime de harcèlement racial et d’intimidation ».

Il a toutefois décidé la semaine dernière de ne prendre aucune mesure disciplinaire, déclenchant une vague de critiques remontant jusqu’au gouvernement.

Convoqué par un comité parlementaire

Le scandale est remonté jusqu’au niveau politique et Azeem Rafiq sera entendu le 16 novembre par un comité parlementaire chargé de sport.

Lui-même d’origine pakistanaise, le ministre de la Santé Sajid Javid a estimé que « des têtes devraient tomber » au club.

Le club du Yorkshire fait l’objet d’une suspension qui l’empêche d’accueillir toute compétition internationale ou majeure « jusqu’à ce qu’il ait clairement démontré qu’il peut atteindre les normes attendues de la part d’un site international », a annoncé jeudi soir l’instance du cricket pour l’Angleterre et le pays de Galles.

PHOTO PAUL CHILDS, ARCHIVES REUTERS

Azeem Rafiq de l’équipe du Yorkshire, célébrant un point le 16 août 2020.

Le club de Yorkshire est l’un de six principaux terrains en Angleterre à même d’accueillir des compétitions internationales.

L’ancien international anglais Gary Ballance a admis mercredi avoir proféré des insultes racistes contre M. Rafiq, s’excusant d’avoir proféré ces termes « lors d’échanges immatures pendant ma jeunesse. »

Azeem Rafiq a souligné jeudi sur Twitter qu’« il ne s’agit pas vraiment des mots de certains individus » mais qu’il s’agit du « racisme institutionnel » et des « méprisables échecs à agir de nombreux dirigeants du Yorkshire County Cricket Club et du sport plus largement ».

« Le sport que j’aime et mon club ont désespérément besoin d’une réforme et d’un changement culturel », a-t-il ajouté.

Le cricket, sport très populaire au Royaume-Uni ainsi que dans les anciennes colonies britanniques, a été jusqu’à présent relativement épargné par les scandales de racisme ou examens de conscience sur la diversité touchant ces dernières années le football mais aussi que de nombreuses institutions politiques, culturelles ou économiques.

M. Rafiq avait rapporté 43 faits de racisme et déclaré que la façon dont il avait été traité lorsqu’il faisait partie du club l’avait amené à avoir des pensées suicidaires.  

Le rapport réalisé par le Yorkshire a confirmé sept de ses accusations, mais a conclu que le club n’était pas institutionnellement raciste.

Le scandale a coûté au club plusieurs commanditaires comme le groupe d’édition Emerald, la marque de thé Yorkshire Tea et les bières Tetley.