(Stockholm) Le prestigieux Institut Karolinska de Stockholm, qui abrite notamment le comité chargé de décerner le prix Nobel de médecine, va débaptiser certains de ses locaux et deux rues qui portaient le nom de scientifiques racialistes ou pronazis, a-t-il annoncé mardi.

Au terme des travaux d’un comité nommé l’an dernier par l’institut de recherche, le recteur a annoncé dans un communiqué avoir décidé de débaptiser une salle, un bâtiment ainsi qu’une rue portant les noms d’Anders Retzius (1796-1860) et de son fils Gustaf (1842-1919).

« Ils représentaient des valeurs qui ne sont pas en concordance avec les valeurs que nous, comme université, devons porter », a déclaré le recteur de l’Institut Kaorolinska, Ole Petter Ottersen dans une vidéo en ligne.

« Indice céphalique »

S’il a à son crédit des travaux scientifiques solides, Retzius père est notamment resté de sinistre mémoire pour « l’indice céphalique », une mesure des proportions du crâne, source de hiérarchies racistes.

Retzius, dont les théories anatomico-racialistes ont été poursuivies par son fils, distinguait des individus au crâne « allongé », prétendument supérieurs, aux humains au crâne « court », classés comme inférieurs.

Ces théories, qui valent à KI d’abriter une importante collection de crânes, ont ensuite nourri l’« hygiène raciale » portée plus tard par les nazis.

Dans cette lignée, l’Institut Karolinska a aussi choisi de demander à la ville de Solna où il siège près de Stockholm de rebaptiser la « rue von Euler » en « rue Ulf von Euler », Nobel de chimie 1970.

Nobel de chimie pronazi

Et ce afin de le distinguer de son père, Hans von Euler, Allemand naturalisé suédois et Nobel de chimie 1929, qui avait été un membre actif d’une organisation suédo-allemande devenue pronazie à l’époque du Reich.

La décision attendue mardi est la conséquence de débats lancés ces dernières années sur l’héritage historique de l’institut, à l’initiative notamment d’étudiants.

Il s’était déjà traduit par la restitution de crânes, principalement de peuples indigènes, en Finlande, en Polynésie française, en Amérique du Nord ou encore en Australie.

« Nous ne devons pas être gênés par un débat sur les noms, par un débat sur notre passé, c’est un débat qu’il nous faut avoir », a plaidé M. Ottersen. « Nous devons nous souvenir des chapitres sombres du passé », a affirmé le recteur.