(Kiev) L’Ukraine a démenti un renforcement des troupes de Moscou près de sa frontière dans l’Est, après que des médias américains ont fait état d’inquiétudes quant à des mouvements militaires russes dans cette région sous tension.

Cette déclaration est intervenue peu avant l’annonce par des médias de la démission du ministre de la Défense Andriï Taran, 66 ans, pour des raisons de santé selon un responsable parlementaire.  

M. Taran, en poste depuis mars 2020, était critiqué pour le manque de réformes dans l’armée.  

Le Parlement pourrait entériner son départ jeudi dans le cadre d’un remaniement ministériel, selon un député du parti présidentiel Taras Melnytchouk.  

Lundi soir, le ministère ukrainien de la Défense a assuré dans un communiqué qu’« aucun déploiement supplémentaire d’unités, d’armes et d’équipements militaires russes vers la frontière de l’Ukraine n’a été observé ».

Les mouvements signalés sont des « déplacements de troupes après des exercices », a poursuivi l’armée ukrainienne, estimant que la diffusion d’allégations sur un renforcement de l’armée russe pouvait être une opération « psychologique » de Moscou.

Selon le Washington Post, des responsables américains se sont inquiétés de récents mouvements documentés dans des vidéos circulant sur les réseaux sociaux. On y voit des trains et des camions russes transportant, entre autres, des tanks et des missiles.

Le porte-parole du Pentagone a indiqué que Washington suivait « de près » la situation à la frontière russo-ukrainienne.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui affirmé mardi avoir eu une conversation avec son homologue américain Joe Biden sur « la situation sécuritaire » dans l’est de l’Ukraine.

« Soutien inébranlable des États-Unis »

« Les États-Unis continueront de soutenir [notre] intégrité territoriale et les réformes en Ukraine », a écrit M. Zelensky sur Twitter, précisant avoir rencontré M. Biden en marge de la COP26 à Glasgow.  

Le président ukrainien s’est aussi entretenu en Écosse avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a « réaffirmé le soutien inébranlable des États-Unis à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine », selon un communiqué du département d’État.

Interrogé sur les informations de presse américaines, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui estimé mardi que ces articles étaient de « mauvaise qualité » et qu’il ne fallait pas y prêter attention.

Il n’a toutefois pas démenti explicitement ces mouvements, rappelant que Moscou se réservait le droit de déplacer ses troupes.

La Russie « continuera de prendre des mesures pour assurer sa sécurité », a-t-il poursuivi, évoquant des tendances « expansionnistes et agressives » autour de son territoire, « en particulier de la part de l’OTAN ».  

La région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, est depuis 2014 en proie à une guerre qui a fait plus de 13 000 morts entre les forces de Kiev et des séparatistes prorusses, dont le Kremlin est considéré comme le parrain militaire malgré ses dénégations.

La zone reste particulièrement sujette aux tensions. En avril dernier, les Occidentaux s’étaient alarmés d’un important déploiement de troupes russes à la frontière, qui faisait craindre une escalade.

Un responsable américain, interrogé par l’AFP sous couvert d’anonymat, a déclaré que les récents mouvements russes dans la zone étaient réels, mais moins importants que ceux d’avril, et aussi plus éloignés de la frontière.