(Londres) Le gouvernement britannique a annoncé vendredi vouloir créer une infraction pénale pour lutter contre les thérapies de conversion, qui prétendent transformer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, sans aller jusqu’à les interdire en cas de consentement.

« Il ne devrait pas y avoir de place pour la pratique odieuse de la thérapie de conversion coercitive dans notre société », a déclaré la ministre de l’Egalité Liz Truss, dénonçant une « pratique archaïque qui n’a pas sa place dans la vie moderne ».

Le projet, dévoilé vendredi, prévoit de punir d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans de telles pratiques.

Cette disposition s’appliquerait à ces pratiques envers les moins de 18 ans en toutes circonstances et envers les adultes qui n’auraient pas librement consenti à y participer ou n’auraient pas été pleinement informés de leur conséquences potentielles.

Ces propositions « solides » constituent « un énorme pas en avant pour reléguer cette pratique dans les livres d’histoire », a salué sur Twitter l’association Stonewall UK, qui fait campagne en ce sens depuis des années.  

Elle a rappelé qu’« on ne peut pas empêcher une personne LGBTQIA+ d’être qui elle est et essayer de le faire cause des dommages durables ».  

Cependant, l’association a estimé que le projet présentait des « lacunes préoccupantes », lui reprochant comme nombre d’autres voix de la communauté LGBT+ d’autoriser dans les faits les thérapies de conversion pour les adultes consentants.  

« Une pratique qui est abusive ne peut être consentie », a-t-elle affirmé. « Si nous voulons vraiment mettre cette pratique honteuse derrière nous, l’interdiction ne doit pas permettre d’excuses ou d’exemptions ».

Jeudi, un groupe composé de députés, de lords, d’universitaires, d’avocats et de militants avait affirmé dans un mémo que le contexte dans lequel s’inscrivaient les thérapies de conversion, avec des pressions émotionnelles ou financières de l’entourage, créait un « déséquilibre inévitable du pouvoir et une pression pour accepter » d’y avoir recours, rendant « presque impossible d’obtenir un consentement libre et éclairé ».  

Le bureau gouvernemental pour l’égalité, à l’origine du projet, a quant à lui affirmé que les critères sur la question du consentement seraient « solides et rigoureux ».

Il considère que « la liberté pour un adulte de s’engager dans une telle démarche doit être protégée », malgré le fait que certains estiment qu’un adulte ne peut pas y consentir même en étant conscient des dégâts potentiels.

Le gouvernement a entamé une consultation publique de six semaines, jusqu’au 9 décembre, et prévoit ensuite de préparer et de faire entrer en vigueur sa future loi d’ici au printemps prochain.