(Bruxelles) Vingt-trois personnes comparaîtront les 15 et 16 décembre devant le tribunal correctionnel de Bruges dans le volet belge de l’enquête sur la découverte de 39 migrants vietnamiens morts dans un camion en Angleterre en 2019, a indiqué mercredi le parquet fédéral.

L’un d’eux, un Vietnamien de 45 ans, est poursuivi comme « dirigeant d’une organisation criminelle » et encourt jusqu’à 15 ans de prison. Il nie toute implication.

23 Vietnamiens, 6 Marocains

La majorité des 23 prévenus sont des Vietnamiens ou des Belges d’origine vietnamienne. Six sont de nationalité marocaine et l’un d’eux est d’origine arménienne.

Ils sont poursuivis pour « participation aux activités d’une organisation criminelle » pour avoir été mêlés à un trafic d’êtres humains destiné à faire passer clandestinement des migrants vers l’Angleterre.

Selon l’accusation, ce trafic, organisé depuis le sol belge, disposait de connexions en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. Certains prévenus ont poursuivi leurs activités après la tragédie.

Le 23 octobre 2019, les corps de 39 migrants vietnamiens — 31 hommes et huit femmes — avaient été découverts à bord d’un conteneur dans la zone industrielle de Grays, à l’est de Londres.  

Morts de chaleur et d’asphyxie

Les victimes sont mortes d’asphyxie et d’hyperthermie en raison de la chaleur et du manque d’oxygène dans l’espace clos du conteneur. Ce drame a remis en lumière les risques auxquels pousse la clandestinité et l’absence totale de scrupules de certains trafiquants.

Le conteneur, dans lequel les migrants (dont trois mineurs) avaient pris place avant la traversée de la Manche, provenait du port belge de Zeebruges. Cela a poussé la justice belge à ouvrir une enquête parallèlement aux procédures engagées notamment au Vietnam et au Royaume-Uni.

Dans le cadre de cette enquête, sous l’autorité du parquet fédéral, une série de perquisitions en Belgique avait conduit le 26 mai 2020 à treize arrestations, toutes suivies d’une inculpation. Les autres prévenus ont été mis en cause plus tard.

En outre, certains suspects arrêtés à l’étranger n’ont pas encore été remis à la justice belge et devraient être jugés dans une procédure distincte, a-t-on précisé au parquet fédéral.

Dans cette affaire, qui a aussi valu l’ouverture d’une enquête en France, des sanctions au criminel ont déjà été prononcées par les justices vietnamienne et britannique.

Au Royaume-Uni, sept hommes ont été condamnés en janvier à des peines allant de trois à 27 ans de prison.

Au Vietnam, quatre hommes avaient été condamnés à de la prison ferme (entre deux ans et demi et sept ans et demi), et trois autres à des peines avec sursis, en septembre 2020.

À Bruges, après les dernières plaidoiries prévues le 16 décembre, le tribunal mettra son jugement en délibéré. Il ne devrait pas être rendu avant plusieurs semaines.