(Paris) La France a accusé mercredi la famille du président biélorusse Alexandre Loukachenko d’être derrière un « trafic » d’êtres humains « savamment organisé » vers l’Union européenne, via la Turquie et Dubaï.

Ce « trafic d’êtres humains est organisé, par la famille Loukachenko elle-même directement, avec des pays tiers, en tout cas avec des vols commerciaux et des circuits organisés », a déclaré le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune.

« Le régime s’organise savamment par la Turquie, par Dubai », a-t-il ajouté devant la commission des Affaires européennes du Sénat, en rappelant que des migrants avaient aussi été transportés « depuis l’Irak ».

Les Européens soupçonnent le président Loukachenko de faire venir les migrants par avion du Moyen-Orient et d’Afrique à Minsk, avant de les renvoyer vers la Lituanie, la Lettonie et la Pologne, en représailles aux sanctions économiques infligées par l’Union européenne à son régime.

« C’est un trafic insupportable qui vise à affaiblir et diviser l’Union européenne », a martelé Clément Beaune.

« Le piège dans lequel veut nous faire tomber Loukachenko, nous l’avons vécu avec la Turquie, c’est de nous dire “c’est vous qui ne voulez pas des migrants, c’est vous qui les maltraitez, c’est vous qui ne respectez pas les grands principes dont vous vous réclamez” », a lancé M. Beaune.

« On doit être impeccable, ferme et humain dans cette réponse », a poursuivi le secrétaire d’État dans une critique visant notamment la Pologne.

Varsovie envisage la construction d’un mur et a imposé l’état d’urgence dans la zone d’où les forces de l’ordre polonaises refoulent les migrants vers la Biélorussie.

La Lituanie a lancé pour sa part la construction d’une clôture de barbelés le long de sa frontière avec la Biélorussie.

Douze pays européens (Autriche, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Pologne et République tchèque, Slovaquie) ont écrit le 7 octobre à la Commission pour demander à l’UE de financer ces constructions.

« Ce n’est pas avec des barbelés à lame de rasoir qu’on va résoudre le problème » ni « avec des refoulements ou une loi d’urgence qui ne permet pas à la presse d’accéder à une vaste zone tout simplement pour vérifier ce qu’il s’y fait », a affirmé Clément Beaune.

Le responsable français a plaidé pour « une action européenne vis-à-vis des liaisons aériennes, des aéroports, des pays ou des compagnies qui permettent l’arrivée en Biélorussie et ensuite l’acheminement vers les frontières européennes ».