(Londres) Le gouvernement britannique a rejeté mercredi les appels croissants à rétablir des restrictions anti-COVID-19 tels le masque en intérieur face à l’envolée des contaminations, préférant en l’état miser sur la vaccination et de nouveaux traitements.

Le nombre de nouveaux cas a frôlé mercredi les 50 000 pour la deuxième fois cette semaine, et le ministre de la Santé Sajid Javid a estimé que ce chiffre pourrait atteindre les 100 000.  

Le bilan total a dépassé 139 000 morts, le deuxième en Europe après la Russie.

Une confédération de professionnels de santé publique a réclamé des mesures « immédiates » alors que le taux de contamination figure parmi les pires au monde, faisant craindre un engorgement des hôpitaux.

Sous pression, le ministre de la Santé a averti devant la presse que les cas « pourraient atteindre les 100 000 par jour » et reconnu que la pression s’accentuait sur les hôpitaux avec près de 1000 admissions par jour de patients atteints de la COVID-19.

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La directrice de l’Agence britannique de sécurité sanitaire, la Dre Jenny Harries, montrant un graphique illustrant la quatrième vague de COVID-19 au Royaume-Uni, lors d’une conférence de presse tenue à Londres, le 20 octobre 2021.

Pour autant, « nous ne comptons pas mettre en œuvre notre plan B » qui prévoit un possible retour du masque en intérieur, un encouragement au télétravail voire des passeports sanitaires, a-t-il indiqué.

Il a répété que la vaccination restait « la première ligne de défense », assurant que le gouvernement « se prépare à toutes les éventualités » et « n’hésitera pas à agir » si la tendance devenait « insoutenable » pour les hôpitaux.

Le gouvernement de Boris Johnson a levé en juillet l’essentiel des restrictions anti-COVID-19 en Angleterre après un long confinement hivernal. L’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, compétentes sur les questions sanitaires continuent d’imposer le port du masque en intérieur.

Cette politique très libérale fait partie des hypothèses avancées pour expliquer la dégradation actuelle, qui touche surtout les adolescents et jeunes adultes. Sont également cités le faible taux de vaccination des mineurs et une campagne de rappels poussive pour les personnes âgées, qui ont reçu leurs premières doses très tôt et voient leur immunité baisser.

Nouveaux traitements

En l’état, le gouvernement compte accélérer la campagne de rappels et convaincre les jeunes de se faire vacciner.

Il a par ailleurs annoncé mercredi un accord pour l’achat de milliers de doses de nouveaux traitements antiviraux des laboratoires Merck et Pfizer à destination des plus fragiles, dont l’approbation est espérée dans les semaines à venir.

Mais dans la communauté médicale, l’inquiétude monte.

« Nous sommes déjà dans une situation où les choses vont probablement se détériorer dans deux ou trois semaines. C’est pourquoi nous devons agir immédiatement », a déclaré Matthew Taylor, patron de la NHS Confederation regroupant de nombreuses organisations de santé publique, mercredi matin à Sky News.

Sans mesure, a-t-il insisté, la pression va s’accroître sur le système de santé à l’approche de l’hiver, période déjà généralement tendue pour les hôpitaux.

Le nombre de cas approche déjà le niveau de la violente vague qui avait frappé le Royaume-Uni l’hiver dernier, entraînant de longs mois d’un confinement imposé par un Boris Johnson au départ très réticent.

Pour l’instant, le nombre de patients hospitalisés reste bien inférieur au niveau de janvier (moins de 8000 contre près de 40 000), comme le nombre de décès (près de 140 par jour contre plus de 1000). Mais la tendance se dégrade.

Les autorités sanitaires surveillent également un nouveau sous-variant (AY4.2) du très contagieux Delta se propageant au Royaume-Uni.

« Il n’y a pas de raison de croire à ce stade qu’il pose un risque plus fort », a assuré le ministre de la Santé.