(Moscou) La ville de Moscou a annoncé mardi des restrictions sanitaires, les premières depuis l’été, face à l’envolée des cas et des décès de la COVID-19, le Kremlin réfléchissant lui des mesures d’ampleur nationale pour endiguer la propagation du virus.

Cette vague due au variant Delta s’aggrave après une précédente poussée à l’été. Elle est amplifiée par une campagne de vaccination poussive et un respect aléatoire des mesures de distanciation en l’absence de restrictions strictes.

« Le nombre de personnes hospitalisées pour des cas graves augmente aussi avec chaque jour écoulé », a écrit le maire de la capitale, Sergueï Sobianine, ordonnant des « mesures urgentes » pour protéger les catégories les plus vulnérables, notamment les personnes âgées.

Les autorités de Moscou ont ainsi ordonné la vaccination obligatoire de 80 % des employés des services, contre 60 % actuellement, d’ici au 1er janvier 2022, le confinement de tous les plus de 60 ans non vaccinés du 25 octobre au 25 février et le télétravail d’« au moins 30 % » du personnel des entreprises.  

« Je comprends à quel point les restrictions actuelles sont fatigantes et désagréables. Mais il n’y a pas d’autre moyen de vous protéger contre cette maladie grave », a-t-il dit

Il s’agit des premières restrictions ordonnées à Moscou depuis celles levées progressivement à partir de fin juillet. En juin, la capitale avait connu une semaine chômée pour freiner la maladie puis elle a introduit pour quelques semaines un pass sanitaire, très impopulaire et pesant sur l’économie.

Mais la Russie a enregistré mardi un nouveau record avec 1015 nouveaux décès dus à la COVID-19 en 24 heures, ce qui porte le bilan gouvernemental à 225 325 morts, le plus lourd en Europe. Ce nombre est cependant largement sous-estimé, l’agence nationale de statistiques Rosstat ayant elle dénombré plus de 400 000 victimes à la fin août.

Dans ce contexte, la vice-première ministre russe chargée de la Santé, Tatiana Golikova, a demandé à déclarer chômée dans tout le pays la semaine du 30 octobre au 7 novembre. Le président Vladimir Poutine pourrait trancher la question dès mercredi.  

Pour les régions les plus durement frappées par l’épidémie, cette mesure pourrait même entrer en vigueur le 23 octobre, selon Mme Golikova.  

M. Poutine a par le passé décrété à plusieurs reprises de tels congés, et le premier ministre Mikhaïl Michoustine s’y est déclaré favorable mardi.

35 % de vaccinés

Le Kremlin a toujours préféré cette mesure, destinée à limiter la circulation des gens et donc du virus, pour préserver l’économie, plutôt que de confiner la population.

Mardi, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a appelé les Russes à être « plus responsables » et se faire vacciner, alors que moins de 35 % de la population est totalement immunisée sur fond de méfiance généralisée à l’égard des sérums élaborés par la Russie.

« On a l’habitude de blâmer l’État pour tout », a déclaré à la presse M. Peskov. « Mais en même temps, il faut que la position des citoyens du pays soit plus responsable ».

Il a néanmoins admis que les autorités n’en avaient pas fait assez pour expliquer aux Russes que « la vaccination n’a pas d’alternative ».

« Maintenant, c’est l’heure pour chacun de nous de faire preuve de sens civique », a-t-il souligné.

Selon des sondages indépendants, plus de la moitié des Russes ne comptent pas se faire vacciner.

Avant Moscou, plusieurs régions ont réintroduit l’obligation de présenter un pass sanitaire pour accéder à des lieux publics.

Lundi, Saint-Pétersbourg, la deuxième ville du pays, a annoncé la mise en place d’un tel certificat à partir du 1er novembre pour accéder à des évènements sportifs ou culturels réunissant plus de 40 personnes, et à partir du 1er décembre aux restaurants et aux magasins.