(Paris) Près des deux tiers des jeunes (63 %) estiment que la laïcité est aujourd’hui en danger en France, selon un sondage publié jeudi sur le regard des 18-30 ans sur l’assassinat il y a un an de Samuel Paty.

Ce chiffre est en baisse par rapport à celui de novembre 2020 (70 %), dans les semaines suivant la décapitation de l’enseignant Paty par un islamiste.

Selon le sondage IFOP réalisé pour le magazine Marianne, plus de la moitié (57 %) des 18 à 30 ans interrogés jugent par ailleurs que la défense de la laïcité est souvent instrumentalisée par des personnalités politiques et des journalistes qui veulent dénigrer les musulmans, un chiffre identique à celui de l’an dernier.

Quelle laïcité ?

Interrogés sur leur définition du principe de laïcité, les jeunes sont divisés : pour 27 % il consiste à mettre toutes les religions sur un pied d’égalité, pour 24 % à assurer la liberté de conscience, pour 23 % à séparer religions et politique, pour 14 % à faire reculer l’influence des religions dans la société, et pour 12 % rien de tout cela.

Parmi les jeunes interrogés, 73 % pensent qu’on parle trop de religion et de questions religieuses aujourd’hui (contre 78 % l’an dernier).

Ils sont cependant 62 % d’entre eux à considérer justifié que les enseignants montrent à leurs élèves des dessins caricaturant ou se moquant des religions afin d’illustrer la liberté d’expression.

Interrogés sur l’assassinat de Samuel Paty, les jeunes sont 85 % à dire que cet évènement les a choqués, 78 % à affirmer qu’il les a mis en colère et 19 % qu’il a suscité de l’indifférence en eux.

Plus des trois quarts (77 %) condamnent totalement l’auteur de l’assassinat du professeur d’histoire-géographie en octobre 2020, 9 % le condamnent, mais partagent certaines de ses motivations, 5 % ne le condamnent pas et 9 % restent indifférents.

Plus de la moitié des jeunes interrogés (58 %) jugent que Samuel Paty a eu raison de montrer des caricatures de Mahomet au nom de la liberté d’expression, tandis que 22 % considèrent qu’il a eu tort car cela constituait une provocation inutile.

Pour 62 % d’entre eux, cette décision de montrer une caricature du prophète Mahomet est une initiative qui relève strictement de l’illustration du concept de liberté d’expression, tandis que pour 14 %, c’est une initiative qui, derrière cet objectif, relève en fait d’une démarche islamophobe.

Ce sondage a été mené en ligne du 24 au 30 septembre auprès d’un échantillon de 1014 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 à 30 ans, selon la méthode des quotas.