(Brandenburg an der Havel) Le plus vieil accusé de crimes nazis, un centenaire ancien gardien de camp de concentration, a affirmé vendredi « être innocent » des faits qui lui sont reprochés, lors du deuxième jour de son procès en Allemagne.

« Cela m’est inconnu car je ne connais rien à ce sujet », a affirmé Josef Schütz, 100 ans, ajoutant qu’il était « innocent » alors qu’il était interrogé sur ses activités lors de la Seconde Guerre mondiale au camp de concentration de Sachsenhausen, situé non loin de Berlin.  

« Tout est déchiré » dans ma tête, a-t-il déclaré, tout en se plaignant d’être « seul ici », dans le box des accusés du tribunal de Brandeburg an der Havel où il doit comparaître jusqu’à début janvier.

Il a été rapidement interrompu par son propre avocat, Stefan Waterkamp : la veille, lors de l’ouverture du procès, ce dernier avait prévenu que son client ne s’exprimerait pas sur la période des faits lui étant reprochés.

« Nous nous étions pourtant mis d’accord avec la défense sur ce procédé », a protesté l’avocat.

Josef Schütz, ancien sous-officier de la division « Totenkopf » (Tête de mort) des Waffen-SS, est poursuivi pour « complicité de meurtres » de 3518 prisonniers lorsqu’il opérait dans le camp de concentration de Sachsenhausen, entre 1942 et 1945.

PHOTO TOBIAS SCHWARZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

Josef Schütz accompagné de son avocat Stefan Waterkamp

La deuxième audience était consacrée à sa biographie, et notamment sa vie avant et après la guerre.

Arrivé seul, se déplaçant avec un déambulateur mais avec une démarche relativement assurée, M. Schütz a raconté dans le détail certains aspects de son existence passée, notamment son travail dans la ferme familiale en Lituanie avec ses sept frères et sœurs, puis son enrôlement dans l’armée en 1938.

Après la guerre, il a été transféré dans un camp de prisonniers en Russie puis s’est installé en Allemagne, dans le Brandebourg, région voisine de Berlin. Il a travaillé successivement comme paysan puis comme serrurier.

À plusieurs reprises, l’accusé a raconté précisément les anniversaires passés auprès de ses filles et ses petits-enfants, ou encore à quel point sa femme l’admirait.

« Elle me disait sans cesse : “Il n’y a pas d’homme comme toi dans le monde” », a-t-il affirmé.

Vingt audiences, limitées à deux heures en raison de son grand âge, sont encore prévues jusqu’à début janvier