(Paris) « Les gens ne sont dupes de rien », a déclaré samedi Nicolas Sarkozy lors d’une séance de dédicace de son nouveau livre, deux jours après sa condamnation à un an de prison ferme pour le financement illégal de sa campagne présidentielle perdue de 2012 dans le dossier Bygmalion.

L’ex-chef de l’État, qui a annoncé faire appel de cette décision, est arrivé peu avant 11 h dans une libraire du XVIe arrondissement de Paris où l’attendaient environ 200 personnes lui demandant de « tenir bon », « courage », « on est là ». Parmi eux figurait l’avocat Francis Szpiner, maire du XVIe arrondissement.

PHOTO THOMAS COEX, AGENCE FRANCE-PRESSE

« C’est très émouvant et en même temps très rassurant sur l’état d’esprit du pays, sur le fait que les gens ne sont dupes de rien […] ils ont compris », a commenté M. Sarkozy face aux nombreuses caméras de télévision sur place, tout en commençant à dédicacer son livre Promenades.

Il s’agissait de sa première expression en public depuis sa condamnation. Dans un message sur les réseaux sociaux jeudi, il avait dénoncé « une injustice » et promis d’aller « jusqu’au bout » pour « poursuivre ce combat si nécessaire pour la vérité et pour la justice ».

Interrogé samedi sur le premier ministre Jean Castex, qui lui avait manifesté jeudi son « amitié » et « affection » à « titre personnel », l’ancien président de la République (2007-2012) a déclaré : « ça m’a fait très plaisir, ça ne m’étonne pas de lui, j’y suis très sensible, j’ai reçu des milliers et des milliers » de messages de soutien. De la part d’Emmanuel Macron aussi, lui a demandé un journaliste ? « Demander lui, ce n’est pas à moi de le dire », a répondu M. Sarkozy.

Concernant sa condamnation proprement dite, il a insisté : « ce que je pense est anecdotique, ce que pensent les gens est beaucoup plus sérieux. Je ne suis pas forcément le plus objectif » pour commenter.

Dans la file d’attente, Benoît Meurisse, un quinquagénaire, a estimé qu’on « a vite fait d’accuser les gens. Il y a des excès c’est clair, mais de là à le condamner ! ». Pour lui, Nicolas Sarkozy est surtout « une boussole ». « Il a acquis une certaine sagesse, une expérience du pouvoir. C’est devenu un sage. »

Un peu plus loin, un groupe de quatre étudiants en droit, deux garçons et deux filles âgés de 17 à 20 ans, étaient là parce qu’ils « aiment beaucoup » ce « dernier gros cador de la droite », ce qui les rend « un peu nostalgiques ».

« On veut faire une photo avec lui car c’est un ancien président, et pas des moindres », a expliqué l’un d’eux, Barthélémy, rappelant que M. Sarkozy était « présumé innocent puisqu’il a fait appel » de sa condamnation.

En mars, Nicolas Sarkozy était devenu le premier ancien président de la Ve République à être condamné à de la prison ferme — trois ans dont un ferme —, pour corruption et trafic d’influence, dans une autre affaire, celle dite « des écoutes ».

Il a également fait appel, suspendant donc de facto cette condamnation.