(Marseille) On pourrait y voir une boutade d’intellectuel un peu provocatrice, mais le sujet est bien plus sérieux qu’il n’y paraît : la « connerie » et ses « constellations » seront à l’honneur de la Semaine de la Pop Philosophie, du 11 au 16 octobre à Marseille.

La Semaine de la Pop Philosophie a été créée en 2009 à Marseille et a été aussi présentée à Bruxelles.

Nous conviendrons que la connerie est aussi difficile à définir qu’à éviter. Qu’elle détruit les conditions de la vie sociale. Qu’elle pourrit notre existence et que les cons sont des gens nocifs.

Jacques Serrano, créateur de la Semaine Pop de Philosophie

« Un des objectifs de cette manifestation est de traiter des choses graves avec légèreté et des choses furtives avec profondeur, mais aussi d’essayer de contribuer à déconstruire ce qui, au sein de notre société, favorise la superstition et l’ignorance », a ajouté Jacques Serrano au sujet de ce festival décalé qui fait la part belle à une philosophie des « objets contemporains ».

La Semaine Pop de la philosophie met au programme une quinzaine de conférences portant sur les cons et la connerie, qui auront lieu au Théâtre de la Criée et à d’autres endroits.

La connerie a des conséquences considérables

À ce titre, la connerie apparaît comme un sujet suffisamment grave pour qu’un psychologue et un psychiatre, des philosophes, des universitaires, des historiens, des journalistes, des essayistes, un linguiste et même un archéologue se penchent sur ses « constellations » pendant une semaine.

La conférence inaugurale du 11 octobre accueillera, entre autres, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem pour une réflexion sur la « Psychologie de la connerie en politique ».

Les médias en prendront également pour leur grade lors d’une rencontre intitulée « La médiaconnerie ».

L’art ne sera pas en reste avec une conférence de Morgan Labar consacrée à « La gloire de la bêtise : régression et superficialité dans les arts depuis la fin des années 1980 ».

M. Labar, qui enseigne l’histoire de l’art contemporain à l’École normale supérieure, a soutenu en 2018 une thèse d’histoire de l’art consacrée à la bêtise comme pratique artistique.

Autant d’intervenants — une trentaine pour une dizaine de lieux — qu’il pourrait y avoir de définitions de ce concept de « connerie » difficile à cerner et auquel les intellectuels ont longtemps préféré celui de « bêtise ».

« Dans le mot connerie, ce qui s’exprime, ce n’est pas seulement un certain usage de l’argot ou une dérive de la langue, c’est une transformation des rapports sociaux qui conduit à la multiplication des microconflits », analyse le philosophe Maxime Rovère, auteur de Que faire des cons ? Pour ne pas en rester un soi-même.

« Nous nous montons les uns contre les autres en permanence très facilement, et sur un registre de rejet qui est immédiatement très intense », ajoute-t-il, mettant en garde contre « l’extrême contagiosité de ces postures » :

Lorsque vous identifiez quelqu’un comme un con ou une conne, vous êtes vous-mêmes en train d’en devenir un ou une.

Le philosophe Maxime Rovère