(Paris) La ministre française de la Mer Annick Girardin a annoncé jeudi que Paris présenterait prochainement des « mesures de rétorsion » en réponse au faible nombre de licences britanniques octroyées aux pêcheurs français, nombre « limité » que « regrette » la Commission européenne.

« Nous avons un calendrier d’actions qui sera présenté aux professionnels en début de semaine prochaine […] avec une action européenne, une action nationale, bien entendu en direction des Britanniques et également de nos voisins de Jersey, avec effectivement l’annonce des mesures de rétorsion », a déclaré la ministre de la Mer Annick Girardin à la radio Europe 1.

« Je souhaite que les 15 jours qui sont devant nous soient consacrés à ce travail qui sera ensuite exprimé très directement au Royaume-Uni », a-t-elle poursuivi.

I want my license back, a conclu la ministre en anglais, faisant référence à Margaret Thatcher, première ministre britannique de 1979 à 1990, qui avait lancé I want my money back à Dublin le 30 novembre 1979, à l’issue d’un sommet des chefs d’État membres de la Communauté européenne, comptant neuf pays à cette époque.

Menaces de bloquage des produits anglais

Le président du comité des pêches des Hauts-de-France, Olivier Leprêtre a prévenu : « S’il n’y a rien qui bouge à une échéance de 15 jours à trois semaines, là, les professionnels vont montrer leurs dents. »

Je ne vais pas parler de blocage de port, mais une chose est certaine : les produits britanniques seront bloqués.

Le président du comité des pêches des Hauts-de-France Olivier Leprêtre

Mercredi, l’île anglo-normande de Jersey a annoncé l’octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées par Paris) et le rejet de 75 dossiers. La veille, Londres avait accordé 12 autorisations supplémentaires dans ses eaux, dans la limite des 6 à 12 milles nautiques de ses côtes (contre 87 demandées).

PHOTO PASCAL ROSSIGNOL, ARCHIVES REUTERS

Le chalutier français Thomas Nicolas II passe devant un chalutier néerlandais en mer du Nord, au large des côtes du nord de la France, le 7 décembre 2020.

« Nous regrettons que le nombre de licences accordées soit aussi limité », a réagi jeudi la Commission européenne, par la voix de sa porte-parole Vivian Loonela. « Nous demandons au Royaume-Uni de partager avec nous sa méthodologie », a-t-elle ajouté lors d’un point presse.

« Nous constatons que la question de l’octroi de licences est assez complexe lorsqu’il s’agit de petits navires, car ils ne sont pas légalement tenus d’enregistrer leurs positions et leurs activités par voie électronique », a poursuivi Mme Loonela.  

« Avec toutes les informations que la Commission a fournies aux autorités britanniques et jersiaises, nous avons fourni toutes les preuves disponibles et pertinentes qui démontrent l’activité historique pour ces licences en cours », a-t-elle affirmé.  

L’accord post-Brexit, conclu in extremis à la fin de l’année dernière entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d’obtenir une licence, accordée s’ils peuvent prouver qu’ils y pêchaient auparavant.