(Paris) Emmanuel Macron a qualifié jeudi de « honte » les accusations d’« abandon » du Mali par la France portées par le premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’ONU.

« J’ai été choqué. Ces propos sont inacceptables […] Alors que hier nous avons présidé à l’hommage national au sergent Maxime Blasco (tué au combat au Mali), c’est inadmissible », a déclaré le chef de l’État en répondant à RFI en marge du dîner de clôture de la saison Africa 2020 à l’Élysée.

C’est une honte et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement.

Le président Emmanuel Macro

Paris avait déjà fermement condamné ces derniers jours les propos tenus le 25 septembre par M. Maïga, qui a affirmé que l’annonce par Emmanuel Macron en juin de la réorganisation de la présence militaire française, avec la fin programmée de l’opération militaire Barkhane, représentait « une espèce d’abandon en plein vol ».

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Le premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga a affirmé le 25 septembre à l’ONU que l’annonce par Emmanuel Macron en juin de la réorganisation de la présence militaire française, avec la fin programmée de l’opération militaire Barkhane, représentait « une espèce d’abandon en plein vol ».

« Je sais que les Maliens ne pensent pas ça », a estimé Emmanuel Macron, en soulignant que « la légitimité du gouvernement actuel », issu de deux coups d’État depuis 2020, était « démocratiquement nulle ».  

« Nous sommes exigeants parce que nous sommes engagés, nous voulons lutter contre le terrorisme et pour la sécurité », a-t-il ajouté. « Nous sommes là parce que l’État malien l’a demandé. Sans la France, le Mali serait dans les mains des terroristes », selon lui.  

Macron réclame des élections au Mali

Il a dit attendre des dirigeants de la junte malienne « qu’ils respectent leurs engagements : qu’en février il y ait des élections, qu’ils arrêtent de mettre en prison les opposants politiques, qu’ils fassent leur travail, c’est-à-dire le retour de l’État, ce qu’ils ne font pas depuis des mois ».

« Nous allons continuer les projets de développement » au Mali aux côtés de la communauté internationale. Mais « ce travail ne peut pas être fait si les dirigeants ne prennent pas leurs responsabilités », a-t-il prévenu.

« Ce n’est pas une fatalité », a-t-il poursuivi en donnant l’exemple du Niger, pays voisin du Mali, où il y a « un président courageux, le président Bazoum, après un autre président courageux, le président Issoufou, qui font le maximum, se battent pour leur peuple, l’éducation, la santé… Ils font un travail admirable ».

Après voir visité avec son épouse Brigitte l’exposition de l’artiste ghanéen El Anatsui à la Conciergerie, Emmanuel Macron a reçu à dîner les acteurs et partenaires de la Saison Africa2020, qui s’est terminée jeudi.

Il s’est félicité du succès de cette longue manifestation qui, depuis décembre 2020, a rassemblé plus de quatre millions de spectateurs dans 1500 évènements artistiques, scientifiques ou économiques sur tout le territoire français.

Elle « a permis de commencer à ce que la France reconnaisse la place de la jeunesse et de l’énergie africaine », a-t-il estimé.

« Notre rapport à l’Afrique doit passer par la jeunesse et la société civile », a-t-il ajouté avant la tenue du sommet France-Afrique le 8 octobre à Montpellier, un sommet « un peu renversé » qui ne réunira pas des chefs d’État, mais des représentants de la société civile africaine.

Africa 2020 avait été proposée par Emmanuel Macron lors de son discours à la jeunesse africaine à Ouagadougou en 2017.