(Les Mayons) Malgré une accalmie, les pompiers restent « hyper vigilants » sur la Côte d’Azur, craignant une reprise du vent et donc du feu, au quatrième jour d’une lutte acharnée contre le plus important incendie de l’année en France, qui a tué deux personnes.

Jeudi soir vers 22 h, les soldats du feu « très fatigués », profitaient de l’absence de vent pour « reprendre des forces », a raconté à l’AFP le commandant Florent Dossetti, des pompiers du Var.

Ils s’apprêtent toutefois de nouveau à passer une nuit de travail intense : « Aujourd’hui, on a eu une accalmie des reprises et ce soir il fait plus frais, on a une hausse d’humidité, donc on peut envisager une journée plus positive demain », a commenté M. Dossetti.

Vendredi, a-t-il annoncé, les pompiers vont travailler « d’arrache-pied » à noyer les lisières de feu restantes. Une course contre la montre avant « un changement de vent » prévu dans l’après-midi, avant un « coup de mistral » dimanche. « Au vu de cette météo, on va être hyper vigilants dans les jours à venir », a ajouté M. Dossetti.

Vers midi, des journalistes de l’AFP avaient de nouveau vu des flammes et de fortes fumées sur les communes du Luc, de Vidauban et des Mayons où soufflait un vent d’Est. Les reprises avaient été maîtrisées grâce à des largages d’eau par les airs notamment.

Dans la nuit, les 1200 personnels et 250 engins s’attelleront à noyer les lisières de feu, qui représentent 80 kilomètres selon la préfecture.

La situation sur le nord-est de la zone, à Vidauban, Le Luc et Les Mayons, « reste encore très instable » jeudi soir, selon la préfecture.

Au quatrième jour de cet incendie dévastateur, parti d’une aire d’autoroute lundi, le feu a parcouru 8100 hectares et brûlé 7100 hectares de forêt.

Appel à témoins

Jeudi, la gendarmerie du Var a publié un appel, dans le cadre de l’enquête judiciaire en cours, pour recueillir « le témoignage de personnes ayant des informations à communiquer sur les circonstances du départ du feu ».

« Il s’agit d’être sûr qu’on n’est pas passé à côté de quelqu’un qui aurait vu quelque chose », a indiqué à l’AFP le procureur de Draguignan, Patrice Camberou.

L’incendie a fait deux morts, sur la même propriété d’un hameau de Grimaud. Deux corps calcinés ont été retrouvés dans cette maison d’une vallée encaissée.

En annonçant ces deux premiers décès mercredi, en plus de 26 blessés légers (19 civils intoxiqués et sept sapeurs pompiers), le préfet du Var, Evence Richard, a confirmé que l’un était un homme, insistant sur le fait qu’il n’y avait « aucune certitude » pour le deuxième corps.

Selon plusieurs proches d’une jeune femme portée disparue depuis lundi soir alors qu’elle séjournait dans un gîte à Grimaud, la seconde victime serait cette touriste francilienne de 32 ans.

« Adieu petite sœur »

Contactée par l’AFP sur Facebook, une jeune femme proche de la disparue confirmait mercredi soir sur le réseau social la mort de son amie. Ce décès était également annoncé par son frère, dans un post titré « adieu petite sœur ».

Interrogé sur la possibilité de nouvelles victimes, le commandant des pompiers Loïc Lambert a assuré mercredi que « la plupart des zones ont été explorées ».

Cet incendie, en plein cœur de l’été, dans un département très touristique, a nécessité l’évacuation de quelque 10 000 personnes.

Et si, mercredi soir, 1300 vacanciers d’un camping du village de La Môle ont pu regagner leurs tentes et mobile-homes, des milliers d’autres ont passé une troisième nuit dans des hébergements d’urgence.

Le bilan de l’incendie est également très lourd pour les producteurs de rosé de Provence, très prisé aux États-Unis et en Europe, certains viticulteurs ayant vu leur matériel ou hangars réduits en cendres.

Une opération « sauvetage » de tortues a eu lieu jeudi dans la Réserve naturelle de la plaine des Maures, un havre de biodiversité ravagé par les flammes, a constaté une équipe de l’AFP.  

Dans un paysage calciné et lunaire, des bénévoles ont découvert certaines des tortues d’Hermann, espèce protégée, brûlées. Mais une trentaine d’autres ont été trouvées saines et sauves après s’être réfugiées sous des rochers et ont pu être abreuvées. Avant que le feu menaçant ne force les bénévoles et scientifiques à se replier.

Plusieurs pays du pourtour méditerranéen, d’Israël au Maroc, en passant par l’Algérie ou l’Espagne ont été touchés par de graves incendies cet été.