(Moscou) L’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a appelé jeudi les Occidentaux à agir plus résolument contre la corruption, qu’il considère comme étant à l’origine des grandes crises mondiales, selon une tribune publiée jeudi dans plusieurs journaux européens.

Militant anticorruption et bête noire du Kremlin, M. Navalny purge actuellement une peine de deux ans et demi de prison pour une affaire de fraude qu’il dénonce comme politique. Il était revenu en Russie en janvier d’une convalescence après un empoisonnement présumé.

Sa tribune a été publiée en français dans Le Monde, en anglais dans The Guardian et en allemand dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Selon M. Navalny, « la corruption n’est plus depuis longtemps un problème intérieur » des pays autoritaires, parmi lesquels la Russie, mais « l’une des principales causes des défis mondiaux auxquels l’Occident aussi est confronté ».

L’opposant russe a appelé les Occidentaux à évoquer la corruption comme sujet d’importance prioritaire lors des sommets internationaux et à mettre le sujet sur la table lors des rencontres avec les dirigeants autoritaires, dont Vladimir Poutine, même si c’est « embarrassant ».

Selon lui, la corruption dans les pays autoritaires est facilitée par les systèmes financiers occidentaux, où l’argent volé est souvent transféré, et il propose ainsi en réponse cinq mesures « réalistes, faciles à appliquer ».

M. Navalny propose entre autres de créer une catégorie des « pays qui encouragent la corruption » pour rendre plus facile l’adoption de mesures de rétorsion. Il suggère aussi d’introduire une « obligation de transparence » pour les entreprises occidentales qui souhaitent travailler avec des partenaires dans ces pays, et de fonder une organisation chargée « d’empêcher l’exportation de la corruption ».

« L’amère vérité, c’est que même les structures policières occidentales réservent un traitement privilégié aux étrangers corrompus. Avec un peu de volonté politique de la part du gouvernement [et des pressions de l’opinion publique], la situation s’améliorera », affirme-t-il.

« Pour commencer à agir […], il suffit d’en avoir la volonté politique, un élément qui, malheureusement, manque souvent », poursuit M. Navalny, estimant que « l’opinion publique peut enfin débloquer la situation ».

Les autorités russes se sont attelées ces derniers mois au démantèlement du réseau d’Alexeï Navalny avec notamment le classement de ses organisations comme « extrémistes » par la justice et le blocage de sites qui lui sont liés.