(Moscou) Une ONG et des opposants russes ont accusé mercredi la police d’avoir multiplié à Moscou les visites nocturnes aux domiciles de sympathisants d’Alexeï Navalny, après la fuite en ligne de données révélant leurs adresses.

Le mouvement de l’opposant incarcéré a été frappé par au moins une fuite en ligne d’informations personnelles de milliers de partisans. Une nouvelle vague de noms a été publiée, via des messageries Telegram et le darknet, le 16 août, selon le journal russe Kommersant.  

L’organisation OVD-Info, spécialisée dans le suivi des répressions visant l’opposition, a indiqué mercredi avoir reçu les témoignages d’une vingtaine de personnes ayant reçu la visite de « policiers en civil et d’agents de la police judiciaire ».  

Selon l’ONG, tous étaient enregistrés comme partisans ou donateurs sur des sites liés à l’ennemi juré du Kremlin, Alexeï Navalny, dont les organisations ont été interdites pour extrémisme, en particulier son Fonds de lutte contre la corruption (FBK).

« Les agents des forces de l’ordre demandent des explications sur ces donations au FBK et les raisons de leur présence dans la base de données », poursuit OVD-Info.

Selon un proche de M. Navalny, Léonid Volkov, qui vit à l’étranger pour échapper aux poursuites, les policiers ont débarqué chez leurs cibles en pleine nuit.

« C’est un acte de terrorisme. On vient bruyamment dans la nuit chez 20 personnes pour effrayer au maximum […] pour que les centaines de milliers de nos partisans à Moscou soient dans l’inconfort, aient peur », a jugé l’opposant sur Telegram.

Pour M. Volkov, ces noms sont issus d’une base de données de sympathisants volée par un ancien collaborateur au printemps. Celle-ci provenait d’un site mis en place par les proches de M. Navalny pour recenser les partisans prêts à manifester pour sa libération.  

Contactée par l’AFP, la police moscovite n’a pas commenté dans l’immédiat.

Depuis janvier et l’incarcération de M. Navalny à son retour de convalescence après un empoisonnement dont il accuse le président Vladimir Poutine, la répression de son mouvement s’est accélérée.  

Ses organisations ont été classées extrémistes et interdites, si bien que tous ses sympathisants peuvent faire l’objet de poursuites pénales.  

L’opposant purge une peine de deux ans et demi pour fraude, une condamnation dénoncée par ses partisans et en Occident. Il fait aussi l’objet de plusieurs autres procédures et d’au moins une inculpation.