(Le Luc) Un millier de pompiers étaient mobilisés mardi soir pour tenter de fixer le plus gros incendie de l’été en France, dans l’arrière-pays de Saint-Tropez où le vent est enfin retombé, 7000 personnes s’apprêtant toutefois à passer une nouvelle nuit hors de chez elles.

« Il n’y a plus du tout de vent, donc on va s’affairer à noyer toutes les lisières (bordures) », a décrit à l’AFP mardi en fin de soirée le porte-parole des pompiers du Var. « La situation n’est plus alarmante comme hier soir, mais elle reste préoccupante », a-t-il ajouté, évoquant « quelques foyers » inquiétants.

Le feu, qui a démarré lundi près d’une aire d’autoroute, a parcouru 6675 hectares et en a brûlé 4000, selon les pompiers. Un millier d’entre eux dont beaucoup venus en renfort de toute la France, restent à pied d’œuvre pour la nuit, avec 225 véhicules.

Selon la préfecture du Var, 7000 personnes, des habitants mais aussi des touristes français ou étrangers, ont été évacuées de leur maison ou camping. « Il n’est toujours pas possible pour elles de rejoindre leur maison ou leur lieu de vacances », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Pour les mettre à l’abri, 15 centres d’accueil ont été activés sur les huit communes du littoral varois. Deux routes départementales restent fermées à la circulation.

Venu apporter son soutien aux secours en fin d’après-midi, le président de la République Emmanuel Macron avait estimé que « les prochaines heures sont absolument décisives » pour fixer le vaste incendie.

Le chef de l’État a salué le « courage » des centaines de pompiers, forces de secours et élus locaux engagés dans la bataille contre les flammes. « Le pire a été évité », l’incendie n’ayant fait aucune victime à ce stade malgré sa rapidité et sa virulence, a-t-il souligné.

Avant la tombée de la nuit, les gendarmes procédaient à de nouvelles évacuations « très périlleuses » de personnes résidant au nord du village de la Garde-Freinet, ont-ils indiqué à l’AFP.

PHOTO DANIEL COLE, AP

Un incendie de forêt fait rage proche de Le Luc, dans le sud de la France.

À Gonfaron, à quelques mètres de l’aire d’autoroute A57 où a démarré l’incendie lundi, un pompier volontaire se désolait : « C’est ma forêt qui brûle… Il faut aller vite, c’est une course contre la montre ».

« Évacué en 30 minutes »

Sur la route qui traverse le massif des Maures, des lignes électriques sont au sol, des poteaux et des troncs sont calcinés et la vigne a brûlé par endroits, a constaté une équipe de l’AFP.

Dans cette région réputée pour ses vins Côtes de Provence, Sereine Mauborgne, députée LREM du Var, a exprimé ses craintes au président : « On vendange dans dix jours, avec les produits retardants, on risque des pertes ».

Une dizaine d’habitations ont aussi été « détruites » par les flammes selon les gendarmes, qui ont déployé 120 personnels dans la zone pour venir en aide à la population, mais aussi gérer les flux routiers, plusieurs axes étant coupés, ou encore surveiller les maisons abandonnées par leurs occupants.

À Bormes-les-Mimosas, sur le littoral, près de 1300 personnes, en majorité des vacanciers d’un camping voisin, ont été accueillies dans un gymnase.  

« On a été évacué en 30 minutes. Vraiment super bien, synchronisé, pas de panique. Bravo à toute l’équipe parce que vraiment, ils ont fait ce qu’il fallait pour nous évacuer », a témoigné auprès de l’AFP Sylvie Defrancheschi, touriste de Haute-Savoie évacuée avec ses deux enfants.

Tortues brûlées

Les dégâts sur l’environnement sont importants : « La réserve naturelle de la plaine des Maures a été dévastée pour moitié. C’est une catastrophe, car c’est l’un des derniers spots abritant la tortue d’Hermann », une espèce protégée, a expliqué à l’AFP Concha Agero, directrice adjointe de l’Office français de la biodiversité. Des tortues brûlées ont déjà été retrouvées. D’autres ont peut-être réussi à s’enfouir sous terre pour survivre.

La France avait jusqu’ici été relativement épargnée par les feux qui ont dévasté des milliers d’hectares et fait des dizaines de victimes dans plusieurs pays méditerranéens, de la Turquie à l’Algérie en passant par la Grèce. Selon la base de données Prométhée, environ 2340 hectares ont brûlé en région méditerranéenne (quatre régions concernées) en France en 2021, contre 7698 en 2020.

Outre l’incendie du Var, plus de 300 pompiers combattent mardi un incendie dans la région de Beaumes-de-Venise, réputée pour ses domaines viticoles.