(Moscou) Un scientifique russe, à la tête d’un institut de recherche spécialisé dans les technologies hypersoniques, a été arrêté pour des accusations de « haute trahison », ont rapporté jeudi les agences de presse russes.

Selon des sources citées par les agences TASS et Interfax, Alexandre Kouranov a été interpellé par les services de sécurité russes, le FSB, au cours d’une opération spéciale. Il est accusé d’avoir transmis des « informations secrètes » liées à ses recherches à un « citoyen étranger ».

Le tribunal Lefortovski de Moscou a ordonné jeudi le placement de M. Kouranov en détention provisoire pour deux mois, a précisé le service de presse de cette instance judiciaire cité par TASS.

L’agence publique Ria Novosti a de son côté souligné que les détails de l’affaire ne seraient pas rendus publics.

D’après le site internet de l’institut qu’il dirige, le NIPGS, dont le siège est à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie, Alexandre Kouranov a 73 ans. Auteur de plus de 120 ouvrages scientifiques et de brevets, il dirige des travaux de recherche sur les vitesses et les technologies hypersoniques.

Selon l’institut, Alexandre Kouranov a « participé à des associations internationales et travaillé sur les commandes de nombreux pays ». Il a aussi été pendant de nombreuses années l’organisateur d’un congrès russo-américain à Saint-Pétersbourg.

Les technologies hypersoniques sont au cœur des nouvelles armes actuellement mises au point par Moscou et vantées par le président Vladimir Poutine comme étant « invincibles » et capables de faire fi de n’importe quel bouclier existant.

Parmi ces nouveaux armements, le missile Zircon à destination de la marine russe a été testé avec succès en juillet, tandis que deux autres sont déjà en service : le Kinjal qui équipe l’armée de l’air et « l’arme absolue », le planeur hypersonique Avangard.

Aucun élément ne permet toutefois d’affirmer qu’Alexandre Kouranov était lié à leur mise au point.

Les affaires pour « haute trahison » ou « espionnage » visant des scientifiques, des universitaires ou même des citoyens ordinaires se sont multipliées ces dernières années, à mesure de la détérioration des relations entre Moscou et les Occidentaux depuis 2014.

Parmi les plus controversées figure celle à l’encontre d’Ivan Safronov, un ex-journaliste réputé, spécialisé dans les questions de défense, qui clame son innocence.

Dans un article paru en juillet, il a dénoncé l’arbitraire des services de sécurité et de la justice qui cautionne ces affaires se déroulant à huis clos.  

Selon M. Safronov, le système répressif est tel que « toute personne ayant eu un contact avec un étranger » peut potentiellement être accusée de « trahison » en Russie.