(Saint-Laurent-sur-Sèvre) « Il va nous manquer d’une façon cruelle » : environ 70 paroissiens ont rendu hommage au père Olivier Maire lors d’une messe mardi matin à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), au lendemain de sa mort et des aveux de son meurtrier.

Les fidèles ont pu se recueillir dans la crypte de la basilique Saint Louis-Marie Grignion de Montfort pour une messe consacrée à la victime, morte à 60 ans.

« C’était un moment de recueillement. Il n’y avait pas plus de gens que d’habitude », explique Alice, membre de la paroisse, régulièrement présente aux messes matinales.

« C’était encore plus important de venir ce matin. C’était un choc, c’est une grosse perte. C’était une pointure au niveau de l’église, un puits de science », confie Patricia, présente tous les mardis à l’office.

Sous les voûtes de la crypte, les célébrants, qui n’ont pas souhaité parler aux nombreux journalistes présents, ont loué la personnalité du père Olivier, qui avait accueilli son meurtrier présumé au sein de la congrégation des Montfortains.  

« Saint Laurent était martyr, Olivier aussi. […] Prions pour sa famille, prions pour la congrégation », a simplement dit un prêtre en préambule de la messe.

Sur le parvis de la basilique, les fidèles ont aussi témoigné de leur attachement au père Olivier.  

« C’était un saint prêtre. Il nous faisait des homélies d’une richesse extraordinaire », a ainsi salué Jean.

« On est déchiré, on le voyait tous les matins. On blaguait. Le père Olivier, c’était une canne pour marcher, pour s’appuyer quand on traversait des périodes difficiles. Il écoutait les catholiques des deux extrêmes. Il va nous manquer d’une façon cruelle », regrette Bertrand, qui tient la librairie de cette petite ville de 3600 âmes.

L’homme d’Église a été tué dans la nuit de dimanche à lundi. Emmanuel Abayisenga, 40 ans, de nationalité rwandaise, s’est rendu à la gendarmerie dès lundi matin, s’accusant du meurtre avant d’être hospitalisé en psychiatrie dans la soirée.  

Le suspect, qui était aussi le présumé incendiaire de la cathédrale de Nantes en juillet 2020, était hébergé par les pères montfortains, dans le cadre de son contrôle judiciaire, en attente de son procès.

« au bout de l’amour »

Le père Olivier « était dans le pardon de cette personne », explique Anne-Marie au sortir de la messe matinale.  

« Il est allé au bout de l’amour qu’il avait. Nous n’étions pas au courant qu’il accueillait cette personne », raconte-t-elle.

« Je pense que l’accueillir, c’est ce qu’il fallait faire », estime Patricia. Pour deux autres paroissiens, viendra ensuite l’heure du pardon du meurtrier.

« Le pardon est dans le cœur de chacun », lance Jean, un livre de prières sous le bras. « Pourquoi la colère ? Il y en a suffisamment sur Terre. Il y a de la tristesse, car c’est un être qui nous a apporté beaucoup. »

« C’est difficile de pardonner, ça viendra plus tard », souffle Alice, visiblement émue.

Une veillée hommage est prévue à partir de mardi soir 20 h, a confirmé la paroisse de Saint-Laurent-sur-Sèvre.  

De son côté, le diocèse de Luçon organisera des veillées mercredi soir à la cathédrale et jeudi aux Sables-d’Olonne (Vendée).

Selon une source proche du dossier, une autopsie du corps de la victime était prévue mardi et devait permettre d’en savoir plus sur les circonstances de sa mort.