(Paris) Bars, restaurants, cinémas, hôpitaux, transports : le passeport sanitaire est entré lundi dans la vie quotidienne des Français, pour une semaine de rodage d’abord, malgré la contestation dans la rue, afin de lutter contre l’épidémie de la COVID-19.

Les restaurateurs rencontrés par l’AFP ont souligné leur crainte de perdre des clients et leur appréhension d’avoir à gérer des situations tendues, comme David Fourton, gérant du café « Sainte Croix » à Bordeaux, qui considère le passeport comme « une plaie ».  

Le gouvernement assure que la tolérance sera de mise ces premiers jours d’application du dispositif, considéré comme une « incitation à la vaccination » et une « préservation de la liberté », selon les mots du ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, avec l’objectif de pouvoir éviter ainsi nouveaux couvre-feux et confinements.

Déjà en vigueur dans plusieurs pays européens, et en France dans les lieux de culture depuis le 21 juillet, le passeport sanitaire prend la forme d’un QR code à présenter au restaurant et dans les cafés, au cinéma, au musée, au théâtre, dans les transports longue distance.

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Déjà exigé dans les lieux de culture depuis le 21 juillet, le passeport sanitaire prend la forme d’un code QR qui devra être présenté pour déjeuner dans un restaurant ou prendre un verre en terrasse.

Il pourra être exigé sur décision préfectorale dans les commerces de plus de 20 000 m2, mais pas chez le médecin généraliste. Il le sera en revanche dans les hôpitaux, tant qu’il n’est pas « un frein à des soins utiles et urgents », selon le ministre de la Santé Olivier Véran.

Un passeport sanitaire valide témoigne d’un schéma vaccinal complet, du rétablissement de la maladie à travers un certificat de test positif d’au moins 11 jours et moins de six mois, ou d’un test négatif de « moins de 72 heures ».  

Là où il est en vigueur, le port du masque ne sera plus obligatoire.

Un dispositif spécifique pour touristes

En pleine saison touristique, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a annoncé la mise en place d’un dispositif spécifique permettant aux touristes étrangers vaccinés avec l’un des vaccins reconnus par l’Agence européenne des médicaments (AEM) ou leurs équivalents d’obtenir un passeport sanitaire valable sur le territoire français.

« Dans un premier temps, ce dispositif est ouvert aux touristes étrangers extra européens, déjà présents sur le territoire national ou arrivant d’ici au 15 août. Les demandes concernant une arrivée postérieure à cette date seront prises en compte ultérieurement », a précisé le ministère.

Une personne utilisant le passeport d’un proche sera passible d’une amende de 750 euros (forfaitisée à 135 euros si elle est réglée rapidement), montant qui atteindra 1500 euros en cas de récidive dans les 15 jours.

Les forces de l’ordre vont contrôler, en uniforme et en civil, les établissements dont l’accès est soumis à la présentation d’un passeport, en ciblant en priorité les zones urbaines et touristiques.

Un professionnel qui n’appliquerait pas les contrôles requis encourt, si ce manquement est constaté « à plus de trois reprises au cours d’une période de 45 jours », jusqu’à 9000 euros d’amende et un an d’emprisonnement.

L’introduction du passeport sanitaire est contesté dans la rue : pour le quatrième week-end consécutif, près de 237 000 personnes ont défilé dans le calme samedi, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

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Près de 237 000 personnes ont défilé dans le calme samedi contre le passeport sanitaire en France.

Lundi, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a exhorté le gouvernement à « renoncer à cette mesure disproportionnée », « liberticide et discriminatoire ».

« Contrôle généralisé et traçage », a déploré de son côté le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, en évoquant dans un tweet lundi son « grand sentiment de malaise ».

Conseil de défense sanitaire

L’exécutif, confiant que l’objectif de 50 millions de primo-vaccinés d’ici fin août sera atteint, affirme que l’allocution d’Emmanuel Macron le 12 juillet a donné un coup de fouet à la campagne, avec plus de 6,8 millions de rendez-vous pris pour une primo-injection depuis.

Mercredi, le chef de l’État présidera, depuis le Fort de Brégançon (Var), un Conseil de défense sanitaire par visioconférence où il sera notamment question d’une troisième dose de vaccin pour les plus vulnérables. Le premier ministre Jean Castex y participera depuis l’Aude.

Selon Santé publique France, 44 980 791 personnes ont reçu au moins une injection (soit 66,7 % de la population totale) et 37 514 388 personnes ont désormais un schéma vaccinal complet (soit 55,6 % de la population totale).

Face à une situation critique en Guadeloupe et en Martinique, où la saturation des hôpitaux a poussé le gouvernement à envoyer des soignants en renfort, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu se rend sur place à partir de mardi.

Le nombre de malades hospitalisés dans toute la France ne cesse de s’accroître et la barre de 9000 malades a été franchie lundi pour la première fois depuis fin juin.

Avec 230 nouvelles admissions en soins critiques en 24 heures, le nombre des malades dans ces services qui traitent les cas les plus graves a atteint 1667, soit 111 de plus que la veille. Ils étaient 1232 il y a une semaine.