(Berlin) L’épouse d’un politologue allemand visé par la justice pour espionnage au profit des services de renseignement chinois a été à son tour mise en accusation pour les mêmes motifs, a annoncé lundi la justice fédérale allemande.

Selon le parquet de Karlsruhe, compétent en matière de terrorisme et d’espionnage, la Germano-Italienne Klara K. et son époux Klaus L. avaient été contactés par des agents des services d’espionnage chinois lors d’une tournée de conférences à Shanghai (Chine) en 2010. Les noms de famille des deux accusés ne sont pas divulgués, conformément aux lois allemandes sur la vie privée.

Depuis cette date et jusqu’en 2019, ils ont « régulièrement fourni des informations aux renseignements chinois avant ou après des visites d’État ou des conférences internationales », affirme le parquet dans un communiqué.

Le politologue avait déjà été mis en accusation début juillet.

Le couple a reçu « des honoraires » en échange d’informations obtenues principalement grâce à ses nombreux contacts politiques de haut niveau, noués dans le cadre du groupe de réflexion dirigé par Klaus L. depuis 2001.

Agent double dans le renseignement allemand

Ils sont aussi soupçonnés d’avoir été payés pour se rendre à des réunions avec des officiers de renseignement chinois.

Cette affaire pourrait s’avérer particulièrement embarrassante pour l’Allemagne : Klaus L. aurait en effet travaillé depuis une cinquantaine d’années pour le BND, le service fédéral de renseignement allemand, avait révélé la chaîne publique ARD dans une enquête fouillée.

Son activité présumée d’agent double avait conduit les policiers à perquisitionner son domicile en 2019, avant que l’interpellation n’intervienne deux ans plus tard. Selon ARD, le politologue aurait en partie confié au BND ses liens avec les services chinois.

Klaus L. était un des dirigeants, selon ARD, de l’influente Fondation Hanns-Seidel, affiliée aux conservateurs bavarois de la CSU.

L’Allemagne a été récemment confrontée à une autre affaire d’espionnage, qui concernait cette fois la Russie.

La justice allemande avait annoncé le 21 juin l’arrestation sur son territoire d’un scientifique russe travaillant dans une université et soupçonné d’espionnage pour le compte de Moscou.