(Londres) Le service de santé public britannique (NHS) a revu samedi ses consignes pour l’utilisation des oxymètres de pouls, indiquant que ces appareils utilisés pour mesurer le taux d’oxygène dans le sang chez les malades de la COVID-19 pouvaient donner des « lectures trompeuses » pour les patients à la peau foncée.

Dans un communiqué, le NHS explique que ce changement intervient après une étude en avril de son Observatoire de la race et de la santé, qui avait révélé que les oxymètres de pouls « amplifient » parfois « les niveaux d’oxygène dans le sang pour les personnes ayant une couleur de peau plus foncée », conduisant ainsi à une « lecture trompeuse ».  

Les oxymètres de pouls, souvent utilisés à domicile pour surveiller une éventuelle dégradation, fonctionnent en envoyant une lumière à travers la peau pour mesurer la quantité d’oxygène dans le sang, explique le NHS.  

Un chiffre trompeur peut ainsi retarder l’hospitalisation ou la prise d’oxygène, alors même que les patients noirs ou d’autres minorités ethniques sont touchés de manière disproportionnée par le coronavirus au Royaume-Uni.  

« Nous devons veiller à avoir des connaissances sur les potentielles limites de certains équipements de santé, en particulier pour les populations présentant un risque accru face à la maladie », a déclaré le docteur Habib Naqvi, directeur de l’Observatoire de la race et de la santé, « ce qui inclut diverses communautés noires et asiatiques qui utilisent des oxymètres de pouls pour surveiller leurs niveaux d’oxygène à domicile. »

Les nouvelles consignes du NHS, publiées sur son site internet, font état de ce dysfonctionnement possible, mais encouragent « les patients à la peau foncée qui ont reçu un oxymètre de pouls à continuer à l’utiliser ».  

Il préconise désormais de prêter davantage attention aux changements entre les relevés qu’aux chiffres donnés, ce qui permet de « toujours de voir si les niveaux d’oxygène diminuent, même si l’oxymètre n’est pas totalement précis ».  

Ce potentiel dysfonctionnement est particulièrement inquiétant compte tenu du fait que les personnes noires, asiatiques ou d’autres minorités ethniques habitant au Royaume-Uni, surreprésentées dans les professions exposant à des contaminations (transports ou services de santé), ont bien plus de risques de mourir du coronavirus que la moyenne, selon plusieurs études.  

Cette surmortalité du coronavirus au sein des minorités résulte « des injustices structurelles, des inégalités et des discriminations qui ravagent notre société », avait conclu fin octobre un rapport parlementaire.