(Paris) Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à travers la France pour contester la vaccination, dénoncer la « dictature » ou critiquer le passeport sanitaire, le président Macron et les mesures anti-COVID-19 qu’il a récemment annoncées étant la cible de la contestation.

Au total, le ministère de l’Intérieur a recensé 136 rassemblements qui ont concerné 114 000 personnes : 18 000 à Paris réparties en plusieurs cortèges et 96 000 dans le reste du pays.

« Liberté », « Macron dictateur »… Du nord au sud du pays, les slogans se ressemblaient.

À Paris, la principale manifestation composée d’environ 10 000 personnes s’est élancée du Palais-Royal, dans le centre de la capitale, avant de traverser la Seine aux cris de « Liberté », « Non à la dictature sanitaire » ou « Macron démission ».  

En tête de cortège, où fleurissaient les drapeaux français, figuraient Florian Philippot, l’ex-numéro 2 du Front national (parti d’extrême droite devenu le Rassemblement national) et l’ex-égérie des « Gilets jaunes » (le mouvement de contestation sociale né en France fin 2018) Jacline Mouraud.

« Je suis née au Portugal sous la dictature de Salazar, je veux pas qu’on revive ça », a confié Fernanda, 53 ans, soutien de Florian Philippot.

PHOTO BERTRAND GUAY, AGENCE FRANCE-PRESSE

« C’est le début de quelque chose d’extrêmement fort dans la résistance », a lancé ce dernier, candidat à l’élection présidentielle de 2022, et qui s’efforce d’incarner la structuration des anti-passeports sanitaire.

Quelques tracts détournant l’étoile jaune avec la mention « pass sanitaire » étaient aussi visibles.

Au même moment, environ 1500 personnes manifestaient dans les rues du sud de la capitale, au sein d’un cortège disparate, précédé d’un cordon policier.

« Nous ne sommes pas du tout des anti-vaccins. On veut juste que chacun ait la liberté de se faire vacciner ou pas. Les tests PCR peuvent suffire et alors il faut les laisser gratuits », ont lancé Aurélie et Tiphaine, la trentaine, toutes les deux employées dans un centre commercial en région parisienne.  

Course contre la montre

Le président Emmanuel Macron a annoncé lundi un train de mesures pour inciter fortement les Français à se vacciner, notamment la généralisation du pass sanitaire et une obligation de vaccination pour les soignants, afin d’essayer d’enrayer la progression du variant Delta.

Ces mesures sont approuvées par une large majorité de Français, selon un sondage publié mardi.

Le chef de l’État souhaite « faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous », le passeport sanitaire permettant de vérifier qu’une personne est vaccinée ou non contaminée à l’entrée de divers lieux publics comme les cafés, restaurants, centres commerciaux notamment.

Ces nouvelles mesures arriveront dès lundi en Conseil des ministres avant un parcours parlementaire en forme de course contre la montre face à la progression du variant Delta. L’objectif est une adoption définitive du texte d’ici la fin de semaine.

À Nice, ils étaient étaient environ 1600 à manifester, selon les autorités, et sur le Vieux-Port de Marseille environ 4250, pointant du doigt « les moutons » qui se font vacciner, les « mauvaises informations » délivrées selon eux à la télévision.  

« On a des doutes sur les vaccins contre la COVID-19, ce n’est pas que l’on pense que la Terre est plate, mais on ne connaît pas les effets à long terme de ces vaccins bricolés à la va-vite que Macron veut nous imposer », résumait Rita, aide-soignante de 39 ans, croisée dans le cortège de Montpellier.

Dans la moitié ouest, la mobilisation semblait un peu moindre. À Bordeaux, la préfecture, qui avait pris une interdiction de manifester en centre-ville, a dénombré 1200 personnes et elles étaient 2500 à Toulouse.