(Budapest) Des militants ont gonflé jeudi en face du parlement hongrois un immense ballon en forme de cœur, de 10 mètres de haut, aux couleurs de l’arc-en-ciel LGBT. Ils promettent de mener une campagne de désobéissance civile contre une nouvelle loi qu’ils jugent discriminatoire et qui soulève, selon eux, des questions sur les valeurs que défend l’Union européenne (UE), dont fait partie la Hongrie.

La loi hongroise, entrée en vigueur jeudi, interdit la présentation aux mineurs de tout contenu représentant l’homosexualité ou la réassignation de sexe.

Les critiques estiment que l’objectif de cette loi est de marginaliser et de stigmatiser la communauté LGBT, alors que la Hongrie, sous la direction du premier ministre Viktor Orban, braque régulièrement vers la droite.

La loi a suscité une vive opposition en Hongrie et dans l’UE ; elle est devenue un champ de bataille important dans la lutte pour ce que représente l’Europe.

Le premier ministre Orban et certains autres dirigeants de droite des États membres de l’UE ont été à l’avant-plan de ce combat qui a remis en cause le traditionnel « consensus libéral » européen, en refusant par exemple d’accepter les migrants, en réprimant la pluralité des médias et en limitant l’indépendance du système judiciaire.

Lors de la manifestation de jeudi, des groupes de défense des droits ont déclaré que la loi hongroise refusait à des milliers de jeunes LGBT des informations et un soutien essentiels, et qu’elle violait les normes nationales et internationales en matière de droits de la personne.

« Nous croyons que la seule voie à suivre demeure la désobéissance civile, et nous ne changerons rien à nos activités », a affirmé à l’Associated Press Luca Dudits, porte-parole de la « Hatter Society », le plus grand groupe de défense LGBT de Hongrie.

Condamnée au Parlement

De nombreux dirigeants européens ont réclamé l’abrogation de cette loi, affirmant qu’elle violait les valeurs de l’Union. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré mercredi au Parlement européen à Strasbourg que cette loi était « une honte ».

Dans une résolution adoptée jeudi, les députés au Parlement européen ont condamné la nouvelle loi, qui constitue selon eux une violation flagrante des droits fondamentaux. Ils estiment qu’il ne s’agit pas d’un incident isolé, mais que cela « constitue plutôt un nouvel exemple intentionnel et prémédité du démantèlement progressif des droits fondamentaux en Hongrie ».

Les parlementaires ont exhorté la Commission européenne, à Bruxelles, à lancer une procédure d’infraction accélérée contre le membre hongrois.

S’exprimant plus tôt dans la journée jeudi, à Belgrade, M. Orban a rejeté les critiques de l’UE, qualifiant la controverse de « débat sur qui décide comment nous élèverons nos enfants ». Il a ajouté que « les bureaucrates bruxellois n’ont pas leur place ici ».