(Istanbul) La Russie a dit mercredi avoir reçu l’assurance de la Turquie qu’un projet de canal débouchant sur la mer Noire ne faciliterait pas l’accès de navires de guerre étrangers à cet espace maritime d’une importance stratégique pour Moscou.

La construction du « Canal Istanbul », entamée samedi, a été au cœur d’un entretien entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc Mevlüt Cavusoglu à Antalya (sud de la Turquie).

PHOTO MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES RUSSE, VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (à gauche) et son homologue turc Mevlut Cavusoglu à leur arrivée à une réunion Antalya, en Turquie, le 30 juin 2021.

« Pendant nos négociations, nous avons officialisé le fait que la construction prévue du Canal Istanbul ne modifierait en rien les paramètres régissant la présence des navires étrangers en mer Noire », a déclaré M. Lavrov au cours d’une conférence de presse avec M. Cavusoglu à l’issue de leurs discussions.

« Nous sommes satisfaits de nos contacts avec nos homologues turcs », a-t-il ajouté.

Ce canal, un projet cher au président Recep Tayyip Erdogan, doit relier la mer Noire à la mer de Marmara parallèlement au détroit du Bosphore qui coupe Istanbul en deux.

M. Erdogan affirme que cet ouvrage long de 45 kilomètres est nécessaire pour décongestionner le détroit du Bosphore. Mais ses détracteurs dénoncent un chantier coûteux et nuisible à l’environnement.

Ce projet a aussi suscité l’inquiétude de la Russie, qui s’interroge sur l’avenir de la Convention de Montreux de 1936, un traité régulant strictement la navigation sur le détroit du Bosphore, l’unique voie d’accès naturelle à la mer Noire.

Cette convention oblige notamment la Turquie à autoriser la libre circulation sur ses détroits des navires de commerce et des bâtiments de guerre des pays riverains de la mer Noire, comme la Russie.  

En outre, les navires de guerre des pays non riverains doivent informer à l’avance Ankara de leur intention de traverser le Bosphore et ne peuvent rester en mer Noire que pour une durée limitée.

M. Cavusoglu a assuré mercredi que le canal n’aurait aucun impact sur la Convention de Montreux, sans confirmer toutefois les propos de M. Lavrov.

La Russie considère la mer Noire comme vitale pour ses intérêts.

Depuis l’annexion en 2014 de la Crimée, un territoire ukrainien qui est lui aussi bordé par cette mer, Moscou surveille avec soupçon les passages des bateaux de l’OTAN.

Un incident maritime ayant impliqué un navire de guerre britannique s’est déroulé en mer Noire la semaine dernière, la Russie affirmant avoir tiré des coups de semonce en direction de ce bâtiment, ce que Londres a démenti.