(Palma) Des centaines d’étudiants reclus dans des hôtels aux Baléares, des parents en colère réclamant leur libération, des milliers de jeunes en quarantaine : un foyer géant de COVID-19 lié à des voyages d’étudiants ne cesse d’enfler en Espagne, comme la polémique qui en découle.

Tout a commencé la semaine dernière quand des centaines de jeunes ont été testés positifs - au variant Alpha, apparu au Royaume-Uni, selon les autorités - dans toute l’Espagne à leur retour d’une semaine de fête sur l’île de Majorque, dans l’archipel très touristique des Baléares, pour célébrer la fin de leurs examens.  

Depuis, cette affaire, qui fait les gros titres dans le pays, n’en finit pas d’inquiéter alors que les cas liés à ce voyage augmentent de jour en jour en Espagne et que la situation ne semble toujours pas sous contrôle.

Selon les chiffres fournis lundi par le ministère de la Santé, au moins 1167 personnes ont été infectées et 4796 ont été mises à l’isolement. Un jeune de la région de Valence se trouve en soins intensifs depuis lundi, selon les médias.

C’était « le bouillon de culture idéal pour favoriser une transmission avec des origines multiples et de grands évènements sans contrôle », a analysé lundi Fernando Simon, l’épidémiologiste en chef du gouvernement.

Au moins onze régions du pays ont détecté des cas liés à ce foyer.

Rien que dans la région de Madrid, 320 jeunes âgés de 17 à 19 ans ont été testés positifs et plus de 2000 autres mis à l’isolement, ont indiqué vendredi les autorités régionales, selon qui ces jeunes ont « confirmé le non-respect généralisé du port obligatoire du masque » durant leur séjour dans plusieurs hôtels de l’île méditerranéenne.

Mercredi encore, 49 personnes arrivant de Majorque à l’aéroport de Saint-Jacques de Compostelle sur un vol transportant 86 personnes dont certains étudiants participant à ce voyage de fin d’année, ont été testées positives, a annoncé le gouvernement régional de Galice. Tous les passagers de l’avion sont en quarantaine.  

« On veut sortir »

À Palma de Majorque, plusieurs centaines de jeunes ont été confinés dans des hôtels où ils restent « isolés dans leurs chambres », selon le gouvernement régional.

Parmi ces établissement, l’hôtel Palma Bellver, surnommé « hôtel COVID-19 », en accueille pas moins de 249 étudiants ayant « eu un lien direct ou indirect avec le voyage d’étudiants à Majorque », a ajouté l’exécutif local mardi. Testés, un quart d’entre eux (25,7 %) sont positifs à la COVID-19, a-t-il précisé.

Les images de ces jeunes claquemurés dans cet hôtel du bord de la mer, criant « on est négatifs, on veut sortir » ou affichant ce même message sur leurs serviettes tendues aux balcons, sont partout dans les médias.

Et tandis que les cas prolifèrent, les critiques n’en finissent pas de pleuvoir, visant à la fois cette jeunesse, pas encore vaccinée, accusée d’insouciance et les autorités.

Musique à fond, objets lancés sur la voie publique ou alcool livré dans les chambres grâce à des seaux accrochés à des draps puis hissés sur les balcons : la police locale a confirmé à l’AFP être intervenue plusieurs fois dans cet hôtel après des plaintes des voisins.

Plusieurs parents de ces jeunes se sont adressés à la justice pour faire annuler le confinement imposé à leurs enfants.  Si un juge doit encore trancher, ils ont déjà reçu l’appui du parquet qui s’oppose à cette mesure que les autorités locales défendent bec et ongles.

Ce foyer géant de COVID-19 intervient alors que la situation sanitaire s’est nettement améliorée ces dernières semaines en Espagne grâce à l’avancée de la campagne de vaccination.  

Selon les derniers chiffres du gouvernement, plus d’un tiers (36 %) des quelque 47 millions d’Espagnols sont totalement vaccinés contre le coronavirus, tandis que la moitié (52,7 %) a reçu au moins une dose d’un vaccin.