(Strasbourg) Un séisme de magnitude 3,9 selon le réseau national de surveillance sismique (RENASS), basé à Strasbourg, a réveillé l’agglomération alsacienne samedi à 5 h, plusieurs mois après l’arrêt d’un projet de géothermie qui avait lui-même provoqué plusieurs séismes.

L’épicentre de la secousse a été enregistré à cinq kilomètres de profondeur, sur la commune de La Wantzenau, au nord de l’agglomération strasbourgeoise. La magnitude avait été annoncée à 4,0 dans un premier temps, avant d’être corrigée par le RENASS.

Il s’agit du plus fort séisme ressenti ces derniers mois dans la région.

Une réplique de magnitude 2,3 a été enregistrée cinq minutes plus tard au même endroit. Les deux évènements ont été classés comme « induits », c’est-à-dire provoqués par l’activité humaine.

Le Département analyse Surveillance Environnement du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives-CEA-Dase) a même mesuré de son côté une magnitude de 4,3 pour le premier séisme.

« C’était du vraiment costaud cette fois », a tweeté Alain Fontanel, l’un des leaders de l’opposition au conseil municipal strasbourgeois. « Toute la maison a tremblé pendant quelques secondes. Merci aux apprentis sorciers de la géothermie profonde pour ce réveil brutal #flippant ».

De nombreuses réactions similaires étaient visibles sur les réseaux sociaux.

Les pompiers du Bas-Rhin ont annoncé avoir reçu de nombreux appels, mais n’ont pas eu à déclencher d’intervention. « Des dégâts il y en aura, mais ce sera de l’ordre de la fissuration », a déclaré à l’AFP la maire de La Wantzenau, Michèle Kannengieser.

Un projet de géothermie profonde, avec deux forages réalisés vers un réservoir d’eau chaude à cinq kilomètres de profondeur, avait été développé jusqu’en décembre au nord de Strasbourg, sur les communes de Vendenheim et Reichstett, voisines de La Wantzenau.

La préfecture du Bas-Rhin avait annoncé le 7 décembre l’arrêt définitif du projet, après une série de séismes plus ou moins intenses — dont l’un de magnitude 3,5 le 4 décembre — et classés comme « induits » par le Renass.  

Fonroche Géothermie, le porteur de projet, avait admis que ses activités étaient à l’origine de certains séismes.

« La localisation et la première estimation de profondeur nous font clairement penser que ces évènements sont dans la suite des précédents », a déclaré à l’AFP Jérôme Vergne, sismologue à l’École et observatoire des sciences de la terre de Strasbourg.

« Nous avions continué à enregistrer une activité sismique persistante ces derniers mois. Le sous-sol met un certain temps à réagir à l’arrêt [du projet], et à retrouver un état de contrainte naturel », a-t-il ajouté. « Ce qui est étonnant, c’est qu’on a eu aujourd’hui le séisme le plus important de la séquence ».

Il a fait référence à la « crise sismique de Bâle », la ville suisse ayant également été en proie à des séismes « de plus faible magnitude » après l’arrêt d’un projet local de géothermie, dans les années 2000.

De son côté, Fonroche Géothermie a indiqué avoir mesuré un séisme de magnitude 3,7. « Ces évènements sont liés au retour à l’équilibre du réservoir qui s’accompagne de sismicité », a fait savoir l’entreprise dans un communiqué.  

Le réservoir est revenu à des niveaux de « pression naturelle » le 26 avril, selon Fonroche Géothermie, même si la pression « continue de baisser faiblement ».