(Paris) Il y a « de la joie », Camille trouve « émouvant » de revoir les sourires. Les Français ont tombé le masque jeudi à l’air libre, profitant « d’une épidémie en déclin », même si beaucoup préfèrent rester sur leurs gardes.

« C’est émouvant de voir les gens. Rencontrer des inconnus sans le masque, on a envie de s’attarder sur leur visage, ça fait du bien de voir des sourires », confie Camille Wodlin, une photographe de 40 ans, rencontrée par l’AFP TV dans les rues de Paris.

Le masque n’est plus obligatoire à l’extérieur, une décision annoncée par surprise la veille et que le ministre de la Santé, Olivier Véran, a justifié notamment par une « dynamique de baisse de l’épidémie qui s’est accélérée ». Selon lui, l’épidémie est « en déclin » et même « en cours de maîtrise ».

Dans les hôpitaux, la pression continue de baisser. Jeudi, 11 114 malades de la COVID-19 étaient hospitalisés, dont 1799 dans les services de soins critiques. Les hôpitaux parisiens de l’AP-HP ont levé leur plan blanc (plan d’organisation pour faire face à une situation sanitaire exceptionnelle), un autre signe de l’amélioration de la situation. Parallèlement, la vaccination continue de progresser, avec 17,36 millions de personnes désormais totalement vaccinées.

Malgré tout, dans les rues de Paris, un grand nombre de passants continuaient de porter le masque jeudi.

Sébastien Bigueur, gérant du restaurant Le Dauphin à Paris, a donné à ses serveurs pour « consigne de plutôt le garder quand on apporte de la nourriture », car « tout le monde n’est pas vacciné et c’est une sécurité en plus ».

Le gouvernement a levé cette obligation – et de l’amende de 135 euros qui l’accompagnait – au beau milieu d’une intense vague de chaleur et au début de l’Euro.

Les spécialistes étaient unanimes pour juger inutile le port du masque en extérieur. Seul avantage : la garantie d’en avoir toujours un à portée de main.  

« On sait aujourd’hui que la plupart des transmissions, si ce n’est la totalité, se passent par des aérosols, dans des milieux clos, mal ventilés », soulignait cette semaine l’épidémiologiste Antoine Flahault.  

« Trop de monde »

Cet assouplissement, arrivé plus tôt que prévu, est accompagné d’une suppression du couvre-feu à 23 h à compter de dimanche, avec dix jours d’avance.

Recommandé en cas de regroupements, le masque restera obligatoire, sur décision du préfet, dans « une rue commerçante ou bondée », dans « les tribunes, gradins, à moins de 2 mètres » les uns des autres, a précisé Olivier Véran.

Nordine Hassini, un bouquiniste de 79 ans, à Paris, qui voit de son échoppe les nombreux pique-niques organisés sur les bords de Seine, trouve qu’il « y a trop de monde, parfois 20 à 30 personnes amassées ». On devrait être « obligé de mettre un masque », estime-t-il.  

En plastique ou tissu, l’accessoire restera de mise à l’intérieur (commerces, bureaux ou transports en commun). Les enfants peuvent l’enlever dans la cour de récréation, mais il doit être conservé en salle de classe.

À propos de lieux clos, le ministre Olivier Véran a assuré que le gouvernement « travaille » à une réouverture cet été des discothèques en arrêt complet depuis 15 mois.

Le gouvernement planche avec le secteur sur un « protocole sanitaire », « un système d’aération spécifique » et peut-être un passeport sanitaire, a-t-il dit, en confirmant la date du 21 juin pour le rendez-vous entre le président Emmanuel Macron et les professionnels.

En attendant, le ministre a averti que l’épidémie « n’(était) pas terminée », car « il y a des variants qui circulent, dont le variant Delta » (anciennement appelé variant indien).

Pour continuer la lutte, Olivier Véran a insisté sur la vaccination. « Plus vite on vaccinera les Français, plus vite on aura ce niveau d’immunité collective, et plus vite on se dira : c’est du passé », a-t-il dit.

À côté du nouvel objectif fixé à 35 millions de Français complètement vaccinés fin août, soit la moitié de la population (contre un quart actuellement), le ministre a lancé un « appel solennel aux soignants non vaccinés », disant envisager de rendre obligatoire la vaccination si la situation ne s’améliore pas.