(Créteil) L’ancienne résistante juive Colette Brull-Ulmann, qui avait participé au sauvetage d’enfants juifs à l’hôpital Rothschild à Paris durant la Seconde Guerre mondiale, est décédée samedi à l’âge de 101 ans, a indiqué mercredi à l’AFP le maire de Nogent-sur-Marne.

« C’était une grande dame, je retiens d’elle une mémoire d’acier sur tout ce qu’elle a vécu, même si elle parlait très peu, par modestie », s’est souvenu Jacques JP Martin, maire (DVD) de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), où elle vivait depuis 1985.

Colette Brull-Ulmann est décédée à l’hôpital de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) le 22 mai, a-t-il précisé.

En 1941, elle devient interne en médecine à l’hôpital Rothschild dans le XIIe arrondissement de Paris, le seul hôpital qui n’interdit pas alors aux médecins juifs d’exercer. Des hommes en provenance du camp d’internement de Drancy y sont soignés, puis après « la rafle du Vel’d’Hiv » à Paris le 16 juillet 1942, des femmes et des enfants malades.

« Selon Colette, la rafle est un basculement : à partir de ce moment, elle fera tout pour sauver les enfants juifs de l’enfer de Drancy et des camps », explique Jean-Christophe Portes, journaliste, avec qui elle a écrit un livre témoignage, « Les Enfants du dernier salut », paru en 2017.

Un « réseau » se met alors en place à Rothshild. Pour éviter qu’ils retournent au camp de Drancy, les enfants hospitalisés sont « exfiltrés » de l’hôpital puis confiés à des réseaux d’entraide. Des faux certificats décès sont notamment rédigés.

« Elle retenait plus les enfants qu’elle n’avait pas réussi à sauver que ceux qu’elle avait sauvés », se souvient Jean-Christophe Portes.  

Colette Brull-Ulmann s’était également livrée à lui dans un documentaire diffusé en 2015, « Les Enfants juifs sauvés de l’hôpital Rothschild ».

« C’est une histoire assez méconnue mais une centaine d’enfants auraient été sauvés au sein de cet hôpital », selon Jean-Christophe Portes.  

En 1943, Colette Brull est contrainte de s’enfuir de l’hôpital Rothshild et rejoint le Bureau central de renseignements et d’action, un service d’espionnage où elle fait du renseignement jusqu’à la Libération en 1945.

Après guerre, elle était devenue pédiatre à Noisy-le-Sec (Seinean-Saint-Denis), où elle vivait avec son mari médecin et ses trois enfants. En 2019, elle avait reçu la Légion d’honneur.