(Madrid) Les députés espagnols ont adopté définitivement jeudi une loi de transition énergétique en vue d’atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément à l’objectif de l’Union européenne, via notamment l’interdiction de la vente de véhicules à énergie fossile d’ici 2040.

L’une des principales mesures de cette loi « de changement climatique et de transition énergétique », accusée par des ONG de manquer d’ambition, est l’interdiction de la vente de véhicules pour particuliers émettant du CO2 d’ici 2040 et celle de leur circulation d’ici 2050.

Cette loi doit permettre à l’Espagne de tenir l’objectif fixé par l’Union européenne de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050.

« L’Espagne a, depuis aujourd’hui, une loi climat sur la base de laquelle elle peut construire avec détermination un avenir vert, durable, juste et prospère pour toutes et tous », a écrit sur son compte Twitter le premier ministre socialiste Pedro Sanchez.

Cette loi prévoit une réduction d’ici à 2030 des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 23 % dans le pays par rapport à 1990. Madrid s’était engagé en janvier 2020 à tenir cet objectif auprès de Bruxelles dans le cadre de son plan national énergie-climat.  

L’objectif actuellement fixé au niveau de l’UE est celui d’une réduction de 40 % des émissions en 2030 par rapport à 1990. Cet objectif est global pour les 27 et diffère pour chaque État membre, en fonction de son niveau d’émissions.

Mais en novembre, les États membres s’étaient entendus pour augmenter cet objectif à 55 %.

Renouvelables

Selon la loi espagnole, d’ici à 2030, les énergies renouvelables devront représenter 42 % de la consommation totale d’énergie dans le pays et au moins 74 % de la production d’électricité.  

Par ailleurs, toujours selon ce texte, d’ici à deux ans, soit en 2023, toutes les villes de plus de 50 000 habitants devront instaurer des zones limitant la circulation des véhicules les plus polluants, comme le font Barcelone et Madrid.  

Dans la capitale, ce dispositif, baptisé « Madrid central », vient d’être remis en cause par la justice.

La loi limite aussi l’exploitation des ressources fossiles et entend renforcer la protection de la biodiversité.

La ministre de la Transition écologique du gouvernement de gauche, Teresa Ribera, a salué sur Twitter une « loi indispensable sur laquelle il faut continuer de bâtir ».

Elle a toutefois reconnu jeudi, dans un entretien publié par le quotidien El Pais, que l’Espagne était « en retard » et aurait dû avoir une telle loi « depuis 10 ans ».

Dans un communiqué, l’organisation écologiste Greenpeace a estimé que cette loi « ne répondait pas à l’urgence climatique » et était « insuffisante » pour tenir les objectifs de l’Accord de Paris datant de 2015 et qui vise à maintenir le réchauffement sous les +2 °C, si possible +1,5 °C, par rapport à l’ère préindustrielle.

« Ce texte est un point de départ qui devra être renforcé pour s’attaquer avec succès au changement climatique dans l’un des pays d’Europe les plus vulnérables face à ses graves effets », a poursuivi l’ONG, selon qui l’Espagne devra « augmenter son objectif de réduction des émissions ».